Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’énième report du procès d'Al-Jazeera, le 10e depuis le lancement du second procès en février dernier. La date du verdict, prévu d’abord le 30 juillet, a été repoussée pour la deuxième fois en quatre jours au 29 août, prolongeant ainsi le calvaire judiciaire des journalistes de la chaîne qatarie ainsi que l’indécision sur leur sort.
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Cet énième report ne fait que renforcer la tension autour du procès d'Al-Jazeera et prolonger le supplice des trois journalistes, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient et Maghreb au sein de l’organisation.
Ce report fait fi de l’attente et de l’intérêt du monde entier pour ce procès. RSF réitère son appel aux autorités égyptiennes d'abandonner les charges retenues contre Peter Greste, Mohamed Fadel Fahmy et Baher Mohamed, qui ne sont coupables d’aucun crime."
Cette
audience tant attendue était d’abord prévue le 30 juillet mais avait été annulée en raison de l'état de santé du juge Hassan Farid, sans que les avocats ou journalistes n’en soient informés au préalable, selon les médias locaux. Ce dimanche 2 août, l’attente était encore plus grande mais un nouveau juge a
annoncé le report dès le début de l'audience, dû, selon un journaliste de l'AFP sur place, à l'
absence de certains co-accusés qui n'avaient pu être transférés au tribunal.
Les visites du
chef de la diplomatie américaine, John Kerry,le 2 août et du président français, Francois Hollande, le 6 août pour participer à l
'inauguration de l’ouverture du nouveau canal de Suez, avaient suscité l'espoir que le verdict soit bien rendu ce jour et que les journalistes soient libérés. La justice, et plus largement le régime, auraient ainsi envoyé un geste fort en faveur de la liberté de la presse. Mais ce report démontre que le procès des journalistes d'Al-Jazeera n'est pas une priorité dans l'agenda égyptien et que les éventuelles pressions de la communauté internationale restent lettre morte.
Les journalistes
Baher Mohamed,
Mohamed Fadel Fahmy et
Peter Greste - qui est lui jugé par contumace depuis son extradition en Australie le 1er février en vertu d’un décret présidentiel- devront donc attendre le 29 août pour être fixés sur leur sort. Si ils ne sont pas acquittés, ils risquent une peine allant jusqu'à 10 ans de prison. Dans ce cas de figure, ils pourront faire appel de la décision.
Avec au moins 15 journalistes derrière les barreaux en raison de leurs activités professionnelles, l’Egypte est l’une des plus grandes prisons du monde pour les professionnels des médias après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Le pays figure à la 158e place sur 180 du
Classement mondial 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.