RSF répond au ministère de la Culture et de la Communication

Suite aux accusations formulées par le ministère de la Culture et de la Communication, Reporters sans frontières (RSF) confirme ses informations publiées précédemment faisant état de violations de la liberté d’informer dans la région du Rif. RSF invite par ailleurs le ministre de la Communication et de la Culture à recevoir les responsables de l’organisation pour pouvoir lui présenter les recommandations de l’organisation sur la situation de la presse au Maroc.

Reporters sans frontières est une organisation internationale de défense de la liberté d’expression et d’information dotée d’un statut consultatif auprès des Nations Unies qui a notamment pour mission de documenter les exactions ou violations du droit d’informer à travers le monde. Chaque cas présenté par notre organisation est préalablement soigneusement vérifié par nos équipes et notre réseau de correspondants locaux. C’est avec cette même rigueur et volonté de mener à bien sa mission que RSF a été amené à interpeller les autorités marocaines sur les points suivants:


  • L’arrestation le 20 juillet 2017 de Hamid El Mahdaoui, le directeur du site d’information Badil.info à Al-Hoceima et sa condamnation à trois mois de prison ferme et à une amende de 20.000 dirhams (1800 €) pour avoir "invité" des personnes à "participer à une manifestation interdite”. RSF réitère sa demande de mise en liberté.
  • Le maintien en détention de six journalistes-citoyens sans jugement. Pour RSF, Mohamed Al Asrihi et Jawad Al Sabiry, respectivement directeur et photographe du média en ligne Rif24, Abd Al Ali Haddou, animateur de la web TV AraghiTV, Houssein Al Idrissi, photographe de Rif Press, Fouad Assaidi, animateur de la page Facebook AwarTV et Rabiaa Al Ablak, contributeur de Badil.info ont été arrêtés alors qu’ils faisaient un travail d’information d’intérêt général dans la région du Rif. Ils n’ont rien à faire derrière des barreaux.
  • Les critères d’octroi des autorisations et accréditations à la presse étrangère. Constatant, à plusieurs reprises, que des journalistes étrangers n’ont jamais obtenu de réponse à leurs demandes d’autorisation de tournage, RSF continue d’inviter les autorités marocaines à clarifier le processus d’accréditation et de motiver clairement les raisons d’un refus pour éviter toute ambiguïté.


Concernant les doutes du ministère de la Culture et de la Communication sur la légitimité de notre organisation à défendre les journalistes-citoyens, RSF rappelle que le travail d’information citoyenne répond aux interprétations récentes de l’article 19 sur la liberté d’expression et d’opinion par le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies. Le comité invite notamment les États “à veiller tout particulièrement à encourager l’existence de médias indépendants et diversifiés” (Cf point 14 de l’observation générale N°34) (...) et rappelle que “le journalisme est une fonction exercée par des personnes de tous horizons, notamment (...) des blogueurs et autres particuliers qui publient eux-mêmes le produit de leur travail, sous forme imprimée, sur l’Internet ou d’autre manière” (Cf point 44 de l’observation générale N°34).


Afin de pouvoir poursuivre et approfondir nos échanges sur ces différents points, Reporters sans frontières a contacté le 18 août 2017, Mohamed Ghazali, le secrétaire général du ministère de la Culture et de la Communication et a sollicité un rendez-vous avec le ministre Mohamed El Aaraj. Dans l’attente d’une réponse, l’ensemble des équipes de RSF présente au ministre et au secrétaire général l’expression de sa plus haute considération.


Le Maroc est situé à la 133ème place du Classement mondial de la liberté de la presse en 2017. La méthodologie utilisée par l’organisation pour établir ce classement est disponible sur le site de RSF.

Publié le
Mise à jour le 25.08.2017