RSF préoccupée par le déroulement du procès d'un journaliste

Malgré la libération récente de cinq journalistes, RSF s'inquiète de la façon dont se déroule le procès de Siamak Pourzand et des aveux que ce dernier aurait fait lors de la dernière audience.

En dépit des récentes libérations de cinq journalistes contre le paiement de lourdes cautions, Reporters sans frontières (RSF) demeure très préoccupée par la situation du journaliste Siamak Pourzand, soixante et onze ans, qui passe actuellement en jugement. Répondant à neuf chefs d'accusation, dont ceux d'"action contre la sécurité de l'Etat" et "d'espionnage", son procès s'est ouvert, le 6 mars 2002, devant un tribunal près de l'aéroport de Téhéran. L'organisation s'inquiète des pressions psychologiques dont aurait pu faire l'objet Siamak Pourzand lors de sa détention pour le forcer à avouer. En effet, il n'est pas rare que les autorités iraniennes obtiennent d'opposants des confessions forcées. Par ailleurs, RSF est préoccupée par les conditions déplorables, au regard des standards internationaux, dans lesquelles se déroule le procès du journaliste. Lors de la première audience, le 6 mars, Siamak Pourzand aurait reconnu qu'il avait "collaboré avec la Savak", ancienne police politique du Chah, avant la Révolution de 1979, afin de "déjouer les plans subversifs des étudiants dissidents et faire de la propagande en faveur du régime et de la personne du Chah". Lors de la deuxième séance, le 11 mars, le journaliste aurait poursuivi ses aveux en déclarant qu'il avait entretenu des "liens directs et indirects avec les milieux monarchistes à l'étranger". De plus, Siamak Pourzand a déclaré au quotidien officiel Iran accepter toutes les charges retenues contre lui. S'estimant coupable, le journaliste a ajouté qu'il n'avait pas à se défendre. Le journaliste avait été arbitrairement enlevé par les forces de sécurité au moment où il quittait le domicile de sa soeur le 29 novembre 2001. Les autorités iraniennes étaient restées muettes quant à cette disparition. Durant les quatre premiers mois de sa détention, dont le lieu était demeuré secret, il n'avait pu avoir accès ni à un avocat ni à des soins médicaux. Le 8 mars, Siamak Pourzand avait téléphoné à sa fille qui réside à Washington. Le journaliste lui avait confirmé l'ouverture de son procès puis avait ajouté : "Désormais, vous pouvez me compter parmi les morts". Le jour suivant, Siamak Pourzand a rappelé sa famille en insistant sur le fait qu'elle ne devait faire aucune déclaration à la presse. A la tête du centre artistique et culturel de Téhéran, Siamak Pourzand a également travaillé comme commentateur culturel pour plusieurs journaux réformistes qui sont actuellement tous fermés. Le 2 mars 2002, Ezatollah Sahabi, 75 ans, directeur d'Iran-é-Farda, a été libéré après quinze mois de détention contre une caution de deux milliards de rials (environ 289 406 euros). Le 10 mars, le journaliste Abbas Dalvand, directeur de la revue Lorestan, a été libéré contre une caution d'un milliard de rials après deux mois de détention. Hoda Saber, journaliste d'Iran-é-Farda, a également retrouvé la liberté le 12 mars contre une caution d'1,3 milliards de rials (environ 184 000 euros) après 409 jours de détention. Son procès s'est déroulé du 4 au 6 mars 2002, au cours duquel il a assuré sa propre défense. Le 13 mars, Reza Raïs-Toussi, journaliste de Fath, a été libéré après un an de détention contre une caution d'un milliard de rials (environ 141 500 euros). La date de son procès n'a pas été précisée. Il a été hospitalisé immédiatement après sa sortie de prison en raison de ses graves problèmes de santé ; il est en effet paralysé des jambes et du haut du corps. Enfin, Saïd Madani, journaliste d'Iran-é-Farda, a été libéré le 14 mars contre une caution d'un milliard de rials (141 500 euros) après un an environ de détention. Son procès, au cours duquel il a assuré sa propre défense, s'est déroulé les 10 et 11 mars 2002.
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Updated on 20.01.2016