RSF félicite le journaliste monténégrin Jovo Martinovic lauréat du prix Peter Mackler
Reporters sans frontières (RSF) félicite le journaliste d'investigation monténégrin Jovo Martinovic, lauréat du prix Peter Mackler 2018, qui récompense le courage et l’éthique journalistique. Le prix sera remis à l’un de ses proches lors d’une cérémonie à New York, jeudi 27 septembre, le journaliste actuellement jugé pour avoir enquêté sur les trafics et la corruption dans son pays n’ayant pas été autorisé à faire le déplacement.
Jovo Martinovic qui a passé près de quinze mois en détention pour avoir enquêté sur les trafics et la corruption dans son pays des Balkans, est le lauréat 2018 du prix Peter Mackler qui récompense le courage et l'éthique journalistique.
En consacrant Jovo Martinovic, le Prix Peter Mackler rend hommage au courage et à l’engagement d’un journaliste qui a payé le prix fort pour servir la liberté de l’information au Monténégro, déclare Pauline Adès-Mével, responsable de la zone UE-Balkans de RSF. Malgré les difficultés auxquels ils font face dans la région, de nombreux journalistes d’investigation luttent au quotidien comme lui pour établir la vérité et ce prix est un formidable message d’espoir pour la communauté des journalistes de toute la région.”
Ce journaliste de 44 ans qui a travaillé pour de nombreux médias internationaux comme la BBC, la radio américaine NPR, la chaîne française Canal Plus et les journaux The Economist ou The Financial Times, a été arrêté il y a presque trois ans, le 22 octobre 2015 par les autorités du Monténégro, accusé d'appartenir à un réseau de trafic de drogue.
Son incarcération avait suscité immédiatement la condamnation de RSF et de plusieurs ONG internationales (Human Rights Watch, CPJ) . Le journaliste a toujours rejeté les accusations, affirmant que ses contacts avec les milieux criminels étaient uniquement professionnels, pour son travail de journaliste. Il travaillait en effet sur le gang international des "Pink Panthers", composé de braqueurs de l'ex-Yougoslavie.
Jovo Martinovic a finalement été remis en liberté provisoire en janvier 2017, après près de 15 mois de détention mais doit encore être jugé, et risque jusqu'à dix ans de prison en cas de condamnation.
Son procès devait initialement se terminer le 24 septembre 2018 mais à quelques semaines de l'issue de la procédure, la justice monténégrine a brusquement décidé de lier au dossier du journaliste celui d'un nouvel accusé - jusqu'ici en fuite et jugé par contumace -, reportant de fait le prononcé du verdict à une date ultérieure et inconnue.
Bien que l'accusé, d'origine albanaise maîtrise le serbo-croate, la justice monténégrine a indiqué vouloir traduire l'intégralité du dossier en Albanais. Cette décision des tribunaux de Podgorica est intervenue quelques jours avant que le journaliste se voit décerner le prix Peter Mackler de la liberté de la presse.
Sous contrôle judiciaire et privé de son passeport, il ne pourra donc pas se rendre à
la cérémonie de remise du prix à New York.