Le journaliste
Shirin Abbasov, qui collabore avec la web-TV indépendante
Meydan TV, a disparu sans laisser de trace le 16 septembre 2015 alors qu’il se rendait à l’université. Selon son avocat, qui n'a toujours pas été autorisé à le voir, le journaliste est détenu par l’unité de lutte contre le crime organisé (MIA) de la police. Selon nos informations, il a été placé en détention pour une durée de 30 jours.
La journaliste
Aytaj Ahmedova, qui travaille aussi pour
Meydan TV, a également été enlevée en pleine rue le 16 septembre par des hommes en civil qui se sont avérés être des agents de cette même unité de police. Après avoir été interrogée plusieurs heures, elle a finalement été relâchée.
“Nous sommes extrêmement inquiets par la détention au secret de Shirin Abbasov,
déclare Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’est & Asie centrale chez Reporters sans frontières.
Nous considérons que le journaliste est en danger et nous exigeons sa remise en liberté immédiate. Les autorités ne peuvent impunément continuer à recourir à des méthodes illégales contre les derniers journalistes indépendants.”
Les deux journalistes ont en commun d’avoir couvert de nombreux procès de défenseurs des droits de l'homme et de journalistes indépendants, notamment ceux de
Khadija Ismaïlova et de Leïla et Arif Iounous. Plusieurs collaborateurs de la chaîne
avaient d’ailleurs été convoqués par la police peu de temps après le procès de la célèbre journaliste. Shirin Abbasov est interdit de quitter le territoire azerbaïdjanais depuis le 30 juin 2015 en raison de sa collaboration avec
Meydan TV.
Fondée en exil en 2013, alors qu’une vague de répression sans précédent commençait à s’abattre sur la société civile azerbaïdjanaise, la chaîne de télévision en ligne
Meydan TV est la cible d'un harcèlement intense de la part des autorités. Média indépendant de référence, la chaîne s’est imposée en pointant les atteintes aux droits de l’homme et la corruption qui règne dans le pays.
Le fondateur de
Meydan TV,
Emin Milli, est exilé en Allemagne depuis 2012
après un an et demi d’emprisonnement arbitraire. Le 26 juin, un intermédiaire proche du ministre des Sports
a fait parvenir au journaliste un message lui promettant que “l’État le punirait, où
(qu’il soit), pour la campagne de dénigrement” qu’il aurait orchestrée. Sous pression, plusieurs membres de sa famille ont publiquement pris leurs distances avec lui, fin juin, dans une lettre adressée au président Ilham Aliev et publiée dans les médias. Un mois plus tard, son beau-frère
était arrêté dans une affaire montée de toutes pièces.
L’Azerbaïdjan figure à la 162e place sur 180 au
Classement mondial 2015 de la liberté de la presse de Reporters sans frontières.