RSF exhorte le roi d’Arabie saoudite à gracier Raïf Badawi
A l’occasion des trois ans de détention de Raïf Badawi, Reporters sans frontières (RFS) appelle le roi d’Arabie saoudite Salman Ben Abdel Aziz à faire preuve de clémence et à gracier le jeune blogueur.
Depuis le 17 juin 2012, Raïf Badawi est en prison pour avoir créé un forum de discussions en ligne. Après plusieurs procès iniques, la Cour suprême a confirmé il y a 10 jours, la condamnation du jeune blogueur : 10 ans de prison et 1000 coups de fouets. Plus aucun recours judiciaire n’est possible pour le libérer.
Interrogée par RSF, la femme de Raïf Badawi, Ensaf Haidar, a déclaré “être incapable de décrire ce qu’elle ressent”, tant son désarroi et sa tristesse sont grands en ce triste jour anniversaire. Elle réitère son appel au roi de gracier son mari. Un appel auquel se joint Reporters sans frontières. “Alors que le mois de ramadan vient de commencer, nous demandons au roi Salman Ben Abdel Aziz de faire preuve de clémence et de gracier Raïf Badawi, seul recours pour libérer ce père de trois enfants. Ce jeune Saoudien, de santé fragile, a déjà passé trois ans derrière les barreaux dans des conditions déplorables, il est vital qu’il puisse être libéré immédiatement”, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation.
Une justice discrétionnaire
Contactée par RSF, le docteur Hala Al-Dosari, fervente activiste saoudienne des droits de l’homme explique également la défaillance du système judiciaire saoudien. “Le plus gros problème en Arabie saoudite est que la loi pénale se base exclusivement sur la charia, qui est de fait discrétionnaire”, explique-t-elle. Selon elle, le cas de Raïf Badawi montre bien l'incompatibilité des sanctions imposées par le système judiciaire avec les standards internationaux. “Le soutien de la communauté internationale ainsi que les efforts diplomatiques peuvent aider car cela a un impact sur les autorités saoudiennes”, conclut-elle.
Aux yeux de la justice saoudienne, Raif Badawi est coupable sur la base de la charia et a été condamné notamment pour avoir enfreint ses règles, le blogueur vient de passer trois ans derrière les barreaux, une peine largement suffisante au regard de ce qu’il lui est reproché. Il est temps de le libérer.
Depuis des mois, RSF se mobilise pour la libération de Raïf Badawi, lauréat du prix RSF 2014 dans la catégorie net-citoyen. Une pétition initiée par l’organisation a déjà recueilli plus de 46 000 signatures. Lors d’une initiative conjointe avec ses sections internationales et bureaux à l’étranger, RSF a également écrit à plusieurs chefs d’Etat et de gouvernement, tels que Barak Obama, Francois Hollande et Mariano Rajoy afin qu’ils oeuvrent respectivement à la libération du jeune blogueur.
Le royaume saoudien ne tolère aucun média libre et la répression en ligne n’a fait que s’accroître depuis les printemps arabes en 2011. L’information sur le Web est contrôlée de près par le régime qui n’hésite pas à user des arguments sécuritaires pour emprisonner des net-citoyens en se référant notamment à la loi particulièrement liberticide sur la cybercriminalité.