Le 3 avril, la communauté internationale a salué l'accord 'historique' sur le programme nucléaire iranien. "Nous avons des tensions et même de l'hostilité envers certains pays, nous aspirons à la fin de ces tensions et de ces hostilités. (...) L'accord-cadre prévoit de nouvelles coopérations avec le monde (...)", a
déclaré dès le même jour le président iranien Hassan Rohani.
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Si l'accord avec la communauté internationale sur le question du nucléaire et la levée des sanctions étaient l’une des promesses phares du président Hassan Rohani, la libération des prisonniers d’opinion et notamment des journalistes et net-citoyens a été maintes fois répétée pendant la campagne électorale. Pourtant cette promesse n’est toujours pas tenue, déclare Reza Moini, responsable du bureau Iran-Afghanistan de RSF.
Nous demandons la libération immédiate et sans conditions de tous les journalistes et net-citoyens emprisonnés. Cette 'coopération’ que vous évoquez nécessite avant tout une collaboration sans conditions avec les Nations unies et le respect de vos engagements internationaux, tout particulièrement le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel l’Iran est partie. Il est important que vous demandiez la libération sans condition de tous les prisonniers d’opinion en Iran.”
Avec 46 journalistes et net-citoyens emprisonnés, l’Iran est toujours l'une des cinq plus grandes prisons du monde pour les acteurs de l'information. Arrêtés arbitrairement, condamnés lors de procès inéquitables et détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes, de nombreux prisonniers sont en danger. L'organisation est notamment préoccupée par l'état de santé des journalistes et net-citoyens
Atena Ferghdani, en attente de son jugement,
Said Razavi Faghih, condamné à un an de prison ferme, - il devait être libéré mi-mars -,
Saraj Mirdamadi, condamné à trois ans de prison ferme et en détention depuis 8 mars 2013,
Masoud Bastani, condamné à six ans de prison ferme et emprisonné depuis juillet 2008, et
Hossien Ronaghi Malki, arrêté en 2010 et qui doit purger une peine de 17 ans de prison ferme.
En vertu de l’application de l’article 134 du nouveau code pénal islamique (amendé en 2013), qui préconise que lorsqu'un accusé est condamné pour plusieurs délits ou crimes, il purge seulement la peine principale, ces deux derniers détenus devraient déjà être libérés depuis des mois.
Le 1er mars 2015, le ministre de la Santé Hassan
Ghazizadeh Hashemi a déclaré aprés sa visite à la prison de Rajaishahr que « cette prison renferme deux fois plus de prisonniers que sa capacité ne l’y autorise et qu’elle ne peut pas assurer les conditions d’hygiène et de santé nécessaires. (...) C'est la première fois que je viens dans cette prison et la situation est vraiment mauvaise, les gens ne doivent pas commettre des crimes, sinon ils seront emprisonnés dans cette prison et auront des maladies et beaucoup de problèmes ».
Le ministre évoque les conditions d’incarcération dans l’une des prisons les plus dures d’Iran, en raison des nombreux cas de tortures, de viols et de meurtres. Bien que sa capacité soit de 1100 places, plus de 5000 prisonniers y sont détenus, dont une centaine de prisonniers d’opinion, notamment 20 journalistes et net-citoyens. Cet établissement a été épinglé par plusieurs rapports notamment, celui du secrétaire général sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran daté du 12 août 2014.