RSF et le SNJ fournissent du matériel de protection aux journalistes en Nouvelle-Calédonie

Depuis le début des affrontements qui ont éclaté à Nouméa le 13 mai, à la suite de l’adoption controversée de la réforme d'élargissement du corps électoral à l’Assemblée nationale, Reporters sans frontières (RSF) est aux côtés des journalistes. L’organisation a activé des canaux de discussion avec les autorités pour garantir leur sécurité et leur fournit désormais du matériel de protection, en partenariat avec le Syndicat national des journalistes (SNJ). 

RSF s’est associée au SNJ, à Nouméa et à Paris, pour répondre aux besoins urgents des journalistes en Nouvelle-Calédonie, exprimés auprès de ces organisations depuis le déclenchement de la crise le 13 mai 2024.

RSF a recueilli une quinzaine de témoignages de journalistes ayant été insultés, menacés, ou agressés alors qu’ils exerçaient leur métier, au plus proche des tensions. Ne pouvant compter sur le soutien d’une grande entreprise de presse pour leur fournir du matériel de protection, les journalistes indépendants ou travaillant pour des rédactions avec peu de moyens sont les plus vulnérables.

“Ici, depuis le début des émeutes, la très grande majorité des journalistes va sur le terrain sans équipement, faute de matériel adéquat. Même le service public est sous-équipé. Pourtant, le risque est réel à chaque reportage. Les échanges de tirs de flashball ou à balles réelles sont fréquents et la plupart des Calédoniens sont équipés de fusils de chasse. En moins de deux semaines, ces émeutes ont fait sept victimes, toutes par arme à feu. Au SNJ, nous appelons les entreprises de presse employant des journalistes en Nouvelle-Calédonie à mettre tout en œuvre pour garantir la sécurité de celles et ceux qui ont pour mission d’informer.

Coralie Cochin
reporter à Nouvelle-Calédonie La Première, élue SNJ et représentante de la Nouvelle-Calédonie au comité social et économique (CSE) de France Télévisions

Dès lors, l’initiative portée par RSF et le SNJ vise à offrir aux professionnels de l’information la possibilité d’obtenir des casques de protection et des badges les identifiant comme journalistes. La crainte d’être ciblé comme journaliste est telle que ces badges sont amovibles. Des gilets pare-balles et pare-lames ont aussi été proposés aux journalistes en identifiant le besoin. 

“RSF réaffirme son soutien aux journalistes en Nouvelle-Calédonie qui rendent compte de l’actualité et contribuent à informer le monde de ce qui passe sur le terrain dans toute sa complexité. Nous réitérons notre appel aux autorités à garantir la sécurité et la libre circulation des journalistes sur l’ensemble du territoire, afin qu’ils puissent poursuivre leur travail et ainsi assurer le droit à une information plurielle, fiable et indépendante, des populations sur place et au-delà.

Anne Bocandé
directrice éditoriale de RSF

Les circonstances exceptionnelles que connaît la Nouvelle-Calédonie, avec notamment l’annulation de tous les vols commerciaux a minima jusqu’au 2 juin, a obligé l’équipe de RSF à mobiliser des moyens tout aussi exceptionnels pour déployer cette aide matériel depuis Paris. Le matériel de protection a voyagé à bord d’un avion militaire jusqu’à l’aéroport de La Tontouta à Nouméa, avant d’être réceptionné au Haut-Commissariat par des membres du SNJ présents sur place, pour être distribué gratuitement aux journalistes qui avaient au préalable exprimé à RSF ce besoin. RSF tient à remercier le ministère de l’Intérieur pour l’acheminement du matériel.

L’état d’urgence, décrété le 15 mai dernier par le président de la République a été levé le 28 mai sur l’ensemble du territoire de la Nouvelle-Calédonie. Le couvre-feu, qui interdit tout déplacement sur la voie publique et dans les lieux publics de 18 heures à 6 heures, est cependant maintenu, mais les journalistes en sont toujours exempts. À ce jour, les affrontements ont fait sept morts et plusieurs blessés.

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