RSF est extrêmement inquiète après l’annonce, le 29 avril 2015, du ministère de la Justice du gouvernement de Tobrouk de l’assassinat de sept journalistes - dont quatre Libyens, deux Tunisiens et un Egyptien - par des membres de groupes armés, plusieurs mois après leur disparition. Cette déclaration officielle se baserait sur l’aveu de cinq suspects récemment arrêtés par les autorités.
Les journalistes libyens -
Khaled Al-Subhi,
Younès Al-Mabrouk,
Abdussalam Al-Maghrebi et
Youssef Al-Qamoudi - et le caméraman égyptien,
Mohamed Galal, de la chaîne
Barqa TV (
Cyrenaica TV en anglais) auraient été assassinés par des groupes armés, selon un
communiqué officiel du gouvernement de Tobrouk. Les auteurs de ce crime seraient également responsables de la mort des deux journalistes tunisiens de la chaîne
First TV,
Sofiane Chourabi et
Nadhir Ktari, disparus en Libye depuis septembre 2014.
“
Si elle est confirmée, cette nouvelle est une tragédie pour la liberté d’information en Libye, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Au vu du chaos dans le pays, RSF demande au représentant spécial des Nations unies en Libye, Bernardino Léon, de mettre en place une enquête indépendante pour faire la lumière sur l’assassinat de ces journalistes, en vertu de la résolution 1738 du Conseil de sécurité des Nations unies de décembre 2006 et des conventions de Genève et de leurs protocoles additionnels. Par ailleurs, l’organisation demande aux autorités tunisiennes de se prononcer sur cette affaire et de faire preuve de transparence sur l’avancement des recherches et procédures”.
Une difficile vérification des informations
Depuis quelques jours, les nouvelles contradictoires affluent au sujet de la
découverte des corps de cinq journalistes de la chaîne libyenne
Barqa TV près de la ville de Beida, dont le crime avait été attribué au groupe Etat islamique, selon une source militaire libyenne.
Le gouvernement de Tobrouk a
affirmé, mercredi 29 avril, avoir mis la main sur cinq suspects (trois Libyens et deux Egyptiens) qui ont avoué avoir assassiné les journalistes de la chaîne
Barqa TV, ainsi que les deux journalistes tunisiens. Le communiqué ne contient aucune précision sur la date et les circonstances dans lesquelles les journalistes auraient été tués ou encore la date d’arrestation de ces suspects. Il précise néanmoins la difficulté pour les forces de sécurité de retrouver les corps puisqu’ils auraient été enterrés aux alentours de la ville de Derna, contrôlée par des groupes djihadistes dont le groupe EI.
Les journalistes libyens et égyptien avaient été enlevés à un faux barrage dans la ville de Derna (nord-est de la Libye) alors qu’ils se rendaient à Benghazi après avoir couvert la séance inaugurale de la Chambre des représentants en août 2014.
Quant aux journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et Nadhir Ktari, ils menaient une mission d’investigation sur la situation sécuritaire à la frontière tuniso-libyenne lorsqu’ils ont disparu en septembre 2014. RSF avait
rejoint le comité de soutien aux journalistes lors d’un rassemblement à Tunis en novembre dernier. Des rumeurs sur leur mort avaient circulé en janvier 2015 avec une
annonce de leur exécution par une branche du groupe EI.
Il devient de plus en plus difficile d’obtenir des informations fiables en Libye où les informations circulent assez rapidement, nourrissant indirectement les tensions entre les différents acteurs du conflit.
La Libye figure à la 154e place (sur 180) du
Classement 2015 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.