Arrêtée le 8 mai 2014 pour divulgation de secrets d’Etat à des sources étrangères, la journaliste Gao Yu sera jugée vendredi 21 novembre. Reporters sans frontières demande l’annulation immédiate de son procès et sa remise en liberté.
La journaliste de renom
Gao Yu, accusée de divulgation de secrets d’Etat à des sources étrangères, plaidera non coupable lors du procès qui s’ouvre vendredi 21 novembre à Pékin. Le 9 mai dernier, Reporters sans frontières avait dénoncé les pressions dont elle faisait l’objet pour obtenir des aveux. Disparue le 23 avril 2014, la journaliste était réapparue le 8 mai 2014 à la télévision où elle avait dû faire des
aveux forcés diffusés par la chaîne CCTV News.
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L’appareil judiciaire étant aux mains du Parti communiste, la journaliste va faire l’objet d’un procès truqué à l’issue prédéterminée, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Le Parti communiste cherche en réalité à punir tous ceux qui dénoncent sa nature dictatoriale. Il n’est pas étonnant qu’un régime qui considère la ‘démocratie’ et ‘les droits de l’homme’ comme des concepts menaçant sa légitimité, cherche à faire taire les voix indépendantes et les aspirations à la liberté d’expression et la liberté de l’information. Ce procès doit être annulé et Gao Yu doit être remise en liberté dans les plus brefs délais.”
Contributrice régulière de la Deutsche Welle basée en Allemagne, Gao Yu est accusée d’avoir transmis au média des documents officiels confidentiels. Les autorités chinoises n’ont pas précisé la nature de ces documents mais affirment disposer de “preuves accablantes”. Il pourrait s’agir du
“Document No. 9”, une note interne appelant à la vigilance du Parti contre certaines valeurs et principes universels décrits comme des “concepts occidentaux” jugés dangereux car exportés afin de déstabiliser le régime. Si elle est reconnue coupable, la journaliste, qui a déjà passé sept ans en prison pour ses écrits politiques, encoure cette fois-ci une peine maximale de 15 ans d’emprisonnement.
Journaliste reconnue et récompensée notamment par le prix mondial de la liberté de la presse Guillermo Cano en 1997, Gao Yu avait disparu le 23 avril 2014 alors qu’elle se rendait à un évènement commémorant les rassemblements de la place Tiananmen. Son arrestation avait marqué le début du durcissement des autorités envers toute voix dissidente à quelques semaines des 25 ans des commémorations de Tiananmen.
En Chine, c’est à l’administration nationale pour la protection des secrets d’Etat que revient la prérogative de classifier les informations qu’elle juge sensibles. Cependant les définitions vagues des “informations classifiées” et l’opacité totale de l’organe officiel, donnent toute latitude aux autorités pour accuser des journalistes et blogueurs de “divulgation de secrets d’Etat”. En 2005, l’administration avait affirmé avoir retiré de ses listes les informations concernant les catastrophes naturelles. Cela n’avait pas empêché pour autant les autorités, de procéder en 2008 à de
nombreuses arrestations de journalistes et blogueurs ayant couvert le tremblement de terre au Sichuan. Le blogueur et militant des droits de l’homme
Huang Qi avait été condamné à
trois ans d’emprisonnement pour “possession de secrets d’Etat”.
La Chine se situe à la 175e place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse 2014 établi par Reporters sans frontières.