RSF demande la libération du journaliste Wadji Al-Ghazzawi condamné à 12 ans de prison ferme

Reporters sans frontières dénonce la condamnation à 12 ans de prison, le 4 fevrier 2014, de Wadji Al-Ghazzawi propriétaire d’Al-Fajr TV et présentateur de l’émission “Al-Fadfada” (Paroles décontractées, en français). La peine du journaliste a été assortie d’une interdiction d’apparaître à la télévision et de quitter le territoire saoudien pendant 20 ans une fois qu’il aura purgé sa peine. “Cette condamnation, extrêmement lourde, démontre l’intolérance des autorités à l’égard de toute critique et de la liberté de ton. La liberté d’information est également bafouée par les récentes décisions des autorités relatives à l’usage de l’Internet. Nous exhortons les autorités à libérer les acteurs de l’information emprisonnés et à abandonner toutes les charges qui pèsent contre eux, et à mettre un terme à cette politique liberticide de contrôle et de censure de l’Internet,” déclare Reporters sans frontières. Arrêté le 12 août 2012, Wadji Al-Ghazzawi a été condamné pour “’incitation à la sédition”, “désobéissance au souverain" et “atteinte au prestige de l'Etat et des institutions de la justice” suite à une émission dans laquelle il avait dénoncé les liens du royaume avec le terrorisme et notamment avec Al-Qaeda. La chaîne Al-Fajr TV est quant à elle fermée depuis le 14 août 2011. Il était également poursuivi pour “avoir publié sur Internet un extrait du programme télévisé” et pour “avoir eu des contacts avec un ennemi de l’Arabie saoudite et avoir reçu une somme suspecte de sa part”. L’émission “Al-Fadfada”, lancée en 2011, était une des rares émissions à critiquer la manière dont le pays est gouverné. Wadji Al-Ghazzawi a réalisé et présenté sept épisodes dans lesquels il a abordé les thèmes suivants : “terrorisme intellectuel” (الإرهاب الفكري), “institution religieuse” (المؤسسة الدينية) , “corruption administrative” (الفساد الإداري ), “esclavage et humiliation” (العبودية والذل ), “résultats d’un sondage” ( نتائج الاستبانة ), “l'Arabie saoudite et le terrorisme” (السعودية والإرهاب ) et “la patrie confisquée” ( الوطن المختطف ). Par ailleurs, la surveillance sur la Toile ne fait que se renforcer. L’ONG de défense des droits de l’homme ANHRI a dénoncé la fermeture d’une dizaine de sites Internet opposés aux valeurs du régime saoudien. L’ANHRI rapporte également que le ministère de la Culture et de l’Information a fermé 41 sites Internet en quelques jours, au motif que ces derniers n’avaient pas respecté la législation relative aux médias électroniques. En outre, les blogueurs ne sont plus autorisés à signer leurs articles de leur pseudonyme. Ils doivent dorénavant mentionner leur véritable identité. L’Arabie saoudite occupe la 164ème place sur 180 dans le classement 2014 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Updated on 20.01.2016