RSF demande la libération du journaliste d’Al-Jazeera Ahmed Mansour, arrêté en Allemagne

Condamné par contumace à 15 ans de prison par la justice égyptienne, Ahmed Mansour, célèbre présentateur d’Al-Jazeera, a été arrêté samedi 20 juin à l’aéroport de Berlin. Reporters sans frontières (RSF) dénonce cette arrestation par la police allemande, à la demande de l’Egypte.

Berlin, complice du régime autoritaire égyptien ? C’est en tout cas ce que peut laisser craindre l’arrestation du présentateur égyptien Ahmed Mansour le 20 juin 2015 à l’aéroport de Berlin. Selon des versions contradictoires, il aurait été arrêté soit en application d’un mandat d’arrêt international émis par l’Egypte via Interpol, soit en vertu d’un accord d’extradition bilatéral. Dans tous les cas, le journaliste égypto-britannique a été interpellé à la suite d’une condamnation par contumace par le tribunal pénal du Caire le 11 octobre 2014 à 15 ans de prison. Selon la justice égyptienne, le journaliste aurait torturé un avocat sur la place Tahrir lors des soulèvements de janvier 2011. Ahmed Mansour, qui a appris sa condamnation par les médias, affirme qu’il n’était pas en Egypte lors de l’agression de l’avocat et rejette ces accusations “absurdes”. « Le régime autocratique et paranoïaque d’Al-Sissi poursuit sa campagne de répression à l’encontre d’Al-Jazeera, déclare Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Non contente de prononcer des condamnations à mort de masse contre ses opposants islamistes, l’Egypte poursuit sa terrible vindicte contre les journalistes qui déplaisent au régime, au premier rang desquels ceux de la chaîne qatarie. Berlin ne saurait prendre au sérieux les arguments de la justice égyptienne. Si la justice allemande devait extrader Ahmed Mansour, elle se mettrait à la solde d’un régime dictatorial et se déshonorerait.» Depuis la destitution de l’ex-président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013 et l’avènement au pouvoir du général Al-Sissi, les autorités mènent une répression implacable contre les médias et les journalistes dont la ligne diffère de celle du régime. Ne serait-ce qu’en 2014, au moins 30 journalistes ont été arbitrairement interpellés, accusés d’avoir participé ou organisé des manifestations ou de soutenir une organisation terroriste. A ce jour, plus d’une dizaine de journalistes sont abusivement détenus. L’Egypte se situe à la 158e place du Classement mondial 2015 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.
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Mise à jour le 20.01.2016