Alors que le procès en appel des journalistes d’Al-Jazeera, détenus depuis bientôt un an dans la prison de Tora, doit avoir lieu le 1er janvier 2015, RSF exhorte les autorités égyptiennes à les libérer et à abandonner les charges qui pèsent contre eux. Le président Sissi avait évoqué, le 20 novembre, la possibilité de les grâcier si cela relevait de l’intérêt national.
Le 29 décembre 2014 marque le premier anniversaire de l'emprisonnement des trois journalistes d’Al-Jazeera en Egypte.
Peter Greste,
Mohamed Fadel Fahmy et
Baher Mohamed ont été
condamnés en juin 2014 à des peines allant de sept à dix ans de prison pour “diffusion de fausses nouvelles” et “appartenance à une organisation terroriste”.
“
Nous exhortons le président Sissi à grâcier les journalistes d’Al-Jazeera qui ne sont pas coupables des chefs d’accusation portés contre eux et qui exerçaient uniquement leur métier au moment de leur arrestation, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.
Cette condamnation arbitraire illustre parfaitement la politique répressive du régime à l’encontre des médias étrangers et locaux, soupçonnés de liens supposés ou réels avec les Frères musulmans. Les journalistes ne doivent pas être pris à parti et devenir victimes du système au nom de la lutte contre le terrorisme.”
Dans une lettre publiée début décembre par le CJFE (Canadian Journalists for Free Expression), le journaliste égypto-canadien Mohamed Fadel Fahmy
explique qu’il est victime avec ses collègues de la guerre froide que se livrent l’Egypte et le Qatar. Le journaliste, ex-directeur du bureau de l’antenne anglophone de la chaîne au Caire, critique également le manque de sécurité assurée aux journalistes par leurs employeurs et estime que ces derniers devraient maintenir un dialogue ouvert avec les gouvernements des pays qui reçoivent leurs journalistes afin d’éviter qu’ils ne soient arrêtés sous des prétextes fallacieux.
Mobilisation internationale
L’affaire des journalistes de la chaîne qatarie mobilise depuis un an la communauté internationale et enflamme les réseaux sociaux. En effet, le hashtag
#FreeAJStaff est devenu viral,
utilisé plus de 450 000 fois cette année. Reporters sans frontières (RSF) s’est mobilisée et a lancé notamment en juillet 2014 une
pétition demandant leur libération et dénonçant le non-respect des dispositions de la nouvelle Constitution égyptienne adoptée en janvier 2014. A l’occasion de la visite du président Sissi à Paris, RSF avait également adressé une
lettre ouverte à François Hollande, dans laquelle l’organisation dénonçait un procès inique qui remet “en question l’indépendance de la justice égyptienne. Il est du devoir de l’Etat de garantir la protection nécessaire aux journalistes afin qu’ils effectuent librement et en toute sécurité leur rôle d’information”, expliquait RSF.
Depuis la prise de pouvoir par l’armée le 3 juillet 2013, le régime de terreur orchestré par Sissi n’a eu de cesse de s’en prendre aux professionnels de l’information travaillant pour des médias affiliés directement ou indirectement à la confrérie des Frères musulmans, qualifiée d’“organisation terroriste”. Rien qu’en 2014, au moins
30 journalistes ont été arbitrairement interpellés, accusés d’avoir participé ou organisé des manifestations ou de soutenir une organisation terroriste. D’après les informations recueillies par Reporters sans frontières, au moins une vingtaine d’acteurs de l’information sont actuellement détenus arbitrairement, parmi lesquels des ressortissants étrangers.
La situation de la liberté d’information est préoccupante en Egypte où le pays constitue l’une des
plus grandes prisons du monde pour les journalistes en 2014 . Le pays figure à la 159ème place sur 180 du
Classement 2014 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.