RSF demande des explications aux autorités tanzaniennes après la brève arrestation de deux défenseurs de la liberté de la presse

Deux responsables du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) en mission en Tanzanie ont été arrêtées pendant plusieurs heures mercredi 7 novembre. Reporters sans frontières (RSF) demande aux autorités tanzaniennes de faire toute la lumière sur ces arrestations et de restituer sans délai les passeports des deux journalistes.

Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique et Muthoki Mumo, représentante en Afrique subsaharienne du Comité pour la protection des journalistes (CPJ) ont été libérées dans la nuit de mercredi à jeudi 8 novembre, quelques heures après avoir été arrêtées à leur hôtel de Dar es Salaam, par un groupe d’hommes se présentant comme appartenant aux services de l'immigration.


Cité par l’AFP, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Afrique du Sud dont Angela Quintal est une ressortissante, a confirmé leur libération mais précisé que leurs passeports n’avaient pas été restitués. Hassan Abbasi, le porte-parole du gouvernement tanzanien a déclaré que ses services cherchaient à savoir pourquoi ces “prétendus journalistes du CPJ” avaient été autorisés à entrer dans le pays, interrogés par les services de l’immigration puis relâchés.


Leur arrestation avait été annoncée par Angela Quintal elle-même sur Twitter. Quelques heures plus tard, ce compte a été utilisé pour annoncer leur libération alors que les deux journalistes faisaient toujours l’objet d’un interrogatoire. Joel Simon, le directeur exécutif du CPJ s’est dit “extrêmement inquiet” par le possible détournement des appareils électroniques d’Angela Quintal. Son compte a depuis été suspendu par Twitter.


“Nous condamnons sans réserve l’arrestation de ces deux ardentes défenseurs de la liberté de la presse et demandons la restitution immédiate et sans condition de leurs passeports, déclare Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de Reporters sans frontières (RSF). Les autorités tanzaniennes ont le devoir d’assurer la sécurité et la liberté de circulation de ces deux journalistes.”


RSF reste extrêmement préoccupée par la rapide dégradation de la liberté de la presse en Tanzanie. Azori Gwanda, journaliste pour Mwananchi, le plus important journal en swahili, est porté disparu depuis près d’un an alors qu’il enquêtait sur des assassinats suspects de fonctionnaires locaux.


La Tanzanie (93e) a perdu dix places, l’une des plus importantes chutes enregistrées dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.

Publié le
Updated on 08.11.2018