RSF demande aux autorités bahreinies d’annuler les charges à l’encontre de Nazeeha Saeed

Alors que le verdict dans le procès de la journaliste Nazeeha Saeed est prévu le 25 mai prochain, Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à abandonner les charges à son encontre et à cesser de multiplier les pratiques d’intimidation contre les journalistes.

L'ancienne correspondante bahreinie pour France 24 et Radio Monte-Carlo Doualiya, Nazeeha Saeed est poursuivie depuis l’été 2016 au Bahrein pour “travail sans autorisation” par le ministère de l’Information qui a refusé de renouveler son accréditation en juin de la même année. Elle risque une amende allant jusqu’à 1000 dinars bahreinis (2 400 euros).


RSF réitère sa demande d’abandonner les charges à l’encontre de cette journaliste et de lui permettre de renouveler sa licence pour travailler à nouveau dans le pays sans craindre des représailles” déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. “RSF condamne plus généralement l’intensification des pratiques d’intimidation à l’encontre des journalistes dans le pays, et en particulier le durcissement constaté récemment à l’encontre de la presse internationale”.


Bien qu’elle soit la seule poursuivie, le cas de Nazeeha Saeed n’est pas isolé. En 2016, les autorités ont refusé de renouveler l’accréditation d’au moins cinq journalistes locaux travaillant pour des médias internationaux, tels que l’Agence France Presse (AFP), l’Associated Press (AP), France 24 et Reuters. L’ancien photographe local de l’AFP, Mohammed Al Shaikh - dont le renouvellement de l’accréditation a été refusé également en 2016 - a même été arrêté le 21 mars dernier à son retour d’un voyage à l’étranger et interrogé pendant plusieurs heures au sein du département des enquêtes criminelles (CID) sur sa profession avant d’être libéré sans charges.


Plus récemment, les procès du célèbre blogueur et défenseur des droits humains Nabeel Rajab, qui devaient avoir lieu respectivement le 16 et 17 mai dernier, ont été reportés en raison de son état de santé. Ayant été opéré en avril dernier, il n’a pas pu assister aux audiences prévues la semaine dernière. L'une concernait des interviews télévisées qu'il avait données, l’autre était en lien avec l’affaire des tweets. Les deux audiences ont été reportées au 30 mai et 14 juin prochains.


Un autre cas préoccupe encore RSF. Le 7 mai dernier, le photographe sportif du club Al Riffa Hassan Ghareeb, 29 ans, a été arrêté alors qu’il couvrait un match au club de sport AlAhli à Manama. Selon nos sources, il avait déjà été arrêté en juin 2014 et détenu pendant trois mois et demi, accusé d’avoir participé à une attaque contre un checkpoint de police alors qu’il se trouvait en réalité au club de sport AlEtihad. Il avait été condamné ensuite le 22 septembre 2015 à cinq ans de prison en première instance sans pour autant être arrêté par la suite. RSF ignore encore les raisons de son arrestation. Son procès en appel s’ouvre le 6 juin prochain.


Le Royaume du Bahreïn est l’une des plus grandes prisons au Moyen-Orient pour la profession avec au moins 14 journalistes et citoyens-journalistes derrière les barreaux. Le pays figure également à la 164e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par Reporters sans frontières.

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Mise à jour le 24.05.2017