RSF demande aux autorités bahreinies d’abandonner les poursuites contre Nazeeha Saeed

La justice bahreïnie a confirmé en appel ce mardi 18 juillet la condamnation de la journaliste Nazeeha Saeed. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités à abandonner les charges à son encontre et à cesser de multiplier les atteintes à la liberté de la presse.

La Cour d’appel a maintenu la condamnation de Nazeeha Saeed, prononcée le 25 mai dernier, à une amende de 1000 dinars (2 320 euros) pour avoir travaillé sans autorisation. L'ancienne correspondante bahreïnie pour France 24 et Radio Monte-Carlo Doualiya est poursuivie depuis l’été 2016 par le ministère de l’Information qui avait préalablement refusé, pour la première fois en douze ans, de lui renouveler son accréditation. La journaliste s’était également vu imposer une interdiction de voyager sans aucune explication.


Contacté par RSF, son avocat, Hameed al Mullah, a estimé que la décision de la Cour d’appel était “une erreur”. Le fait que l’accusée n’avait commis aucun faux pas en poursuivant sans interruption son travail dans l’attente d’une notification officielle n’a pas été pris en compte par le tribunal. La défense a prévu de faire une demande de pourvoi en Cassation, cependant les autorités bahreïnies peuvent ne jamais accéder à cette requête.


Les autorités doivent abandonner immédiatement les charges qui pèsent contre Nazeeha Saeed, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. Le royaume du Bahreïn doit lui permettre d’exercer à nouveau librement son métier de journaliste et cesser plus généralement ses attaques répétées contre la presse”.


RSF rappelle que la journaliste bahreïnie fait partie de la campagne internationale #FightImpunity lancée en novembre 2015 par l’organisation dans le but de faire pression sur les autorités pour traduire en justice les responsables de crimes contre les journalistes. En effet, Nazeeha Saeed lutte depuis longtemps pour obtenir justice après avoir été torturée et humiliée pendant 13 heures par des policières en 2011 au poste de police de Rifa’a après avoir couvert des manifestations pro-démocratiques à Manama. RSF avait condamné en novembre 2015 la décision arbitraire du ministère de la Justice de ne pas poursuivre devant les tribunaux les responsables des actes de torture contre la journaliste sous prétexte d’une insuffisance de preuves.


Bien qu’elle soit la seule poursuivie, le cas de Nazeeha Saeed n’est pas isolé. En 2016, les autorités ont refusé de renouveler l’accréditation d’au moins cinq journalistes locaux travaillant pour des médias internationaux, tels que l’Agence France Presse (AFP), l’Associated Press (AP), France 24 et Reuters.


D’après le baromètre de RSF, 14 journalistes et citoyens journalistes se trouvent actuellement en détention au royaume du Bahreïn, simplement pour avoir couvert des sujets sensibles. La peur d’un renversement du régime en 2011 a accru la répression et la censure des voix dissidentes. L’année 2016 a vu un nouveau durcissement des mesures répressives contre la presse : le dernier journal papier indépendant, al-Wasat, a notamment été fermé, de manière arbitraire, il y a un mois.


Le Bahreïn se situe à la 164e position sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2017 établi par Reporters sans frontières.

Publié le
Updated on 21.08.2017