A la suite de son intervention au Conseil de sécurité de l’ONU, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a tenu à New York une conférence de presse avec Yara Bader, la femme du journaliste et fervent militant syrien emprisonné, Mazen Darwish. Tous deux ont demandé à l’ONU de tout mettre en oeuvre afin que les résolutions adoptées soient appliquées en Syrie.
Le 27 mai 2015, RSF a organisé une conférence de presse dans l’enceinte de l’ONU, à laquelle a participé Yara Bader, épouse du fondateur du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression (SCM),
Mazen Darwish, détenu par le régime syrien depuis 2012.
Lauréat du prix mondial pour la liberté de la presse de l’Unesco le 3 mai dernier, Darwich a été transféré, avec ses collègues
Hani Al-Zaitani et
Hussein Ghareer, de la prison d’Adra quelques jours après la cérémonie. Sa famille est sans nouvelles de lui depuis.
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La disparition de Mazen Darwich au lendemain de la cérémonie d’attribution du prix Guillermo Cano de l’Unesco est une réaction agressive des autorités syriennes, a déclaré Christophe Deloire.
La communauté internationale ne saurait le tolérer. L’ONU comme ses Etats-membres doivent faire en sorte que la Syrie applique les résolutions adoptées.”
Yara Bader, de son côté, a demandé aux autorités syriennes d’appliquer la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU relative à la libération de Mazen Darwish et de ses collègues. Elle a également exhorté la communauté internationale à s’engager davantage pour mieux protéger les journalistes sur le terrain, en danger dès lors qu’ils exercent leur travail légitime. Yara Bader a souligné l’importance de soutenir ceux qui, comme son mari, ont un rêve et luttent pour construire un futur meilleur. Mazen Darwish a sacrifié plus de dix années de sa vie pour la Syrie, malgré un climat de répression des libertés, et est devenu une source précieuse d’information et de référence dans le pays. L’ayant vu la dernière fois en janvier 2015 et n’ayant plus de nouvelles depuis début mai, elle a ajouté : “
Nous avons besoin de savoir où est Mazen Darwish, et nous tenons les autorités syriennes comme responsables de sa vie”.
Emprisonné depuis plus de trois ans, Mazen Darwish avait été arrêté avec l’ensemble des collaborateurs du SCM lors d’un raid dans les locaux du centre à Damas par des membres des services de renseignement de l’armée de l’air en février 2012. Symbole de la répression du régime à l’encontre de la liberté de l’information, Mazen Darwish, qui a fait l’objet de tortures, attend toujours son procès, reporté plus de 20 fois depuis la première audience en février 2013.
Dans sa résolution 67/262 du 15 mai 2013, l'Assemblée générale des Nations unies a appelé à la libération de Mazen Darwish et de ses collègues, tout comme le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (GTDA) en janvier 2014. La résolution 2139 du Conseil de sécurité des Nations unies, adoptée le 22 février 2014, a exigé la libération de toutes les personnes détenues arbitrairement en Syrie. Malgré ces divers appels, les trois hommes se trouvent toujours en détention.
Devant les journalistes, Christophe Deloire a rappelé la situation sinistre de l’information en Syrie. Le pays est aujourd’hui le plus dangereux au monde pour les reporters, avec 45 journalistes et 127 citoyens-journalistes tués depuis le début du conflit, 30 emprisonnés dans les geôles du régime et 25 otages de groupes islamistes radicaux, dont cinq étrangers. En Irak, sept journalistes ont été tués depuis le début de l’offensive du groupe Etat islamique en juin dernier et neuf autres sont entre ses mains.