RSF dénonce les poursuites judiciaires contre le syndicat des journalistes en Egypte

RSF dénonce l’acharnement des autorités contre le Syndicat des Journalistes en Egypte. En plus d’avoir été retenus pendant près de 24 heures dans un poste de police, trois leaders du Syndicat vont être jugés le 4 juin prochain pour “assistance à deux journalistes recherchés par la justice.”

Le président du syndicat des journalistes, Yahia Qalash, le secrétaire général, Gamal Abd El-Raheem ainsi que le directeur du comité des libertés (et rédacteur-en-chef du journal Al Bedaiah), Khaled El-Balshy ont tous trois été retenus au poste de police de Qasr El-Nil la nuit du 29 mai 2016. Ils ont été interrogés durant près de 13 heures et remis en liberté provisoire le lendemain dans la nuit, après le paiement d’une caution par une tierce personne. Ils doivent comparaître devant un juge samedi prochain.


Reporters sans frontières est profondément inquiète des poursuites judiciaires contre les trois dirigeants du Syndicat des Journalistes”, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient de l’organisation. “Avec cette crise autour du syndicat des journalistes, il devient évident que les autorités ne reculent devant rien pour intimider la presse. RSF demande à la justice égyptienne d’abandonner les charges portées contre ces personnalités du syndicat et de libérer les deux journalistes arrêtés au siège.


Dans le sillage du raid policier à l’encontre du syndicat, le 1er mai dernier, les trois cadres et dirigeants du syndicat ont été accusés d’avoir abrité deux personnes recherchées par la justice. Il s’agit en réalité des deux journalistes du site d’opposition Yanair, Mahmoud Saqqa et Amr Badr, arrêtés le 1er mai alors qu’ils faisaient un sit-in à l’intérieur du syndicat. Les dirigeants du syndicat avaient également été accusés d’avoir “publié de fausses informations ayant pour but la menace de l’ordre général”, mais cette dernière accusation n’a pas été retenue.


Contacté par RSF, l’un des avocats de Khaled El-Balshy, Karim Abdel Rady, a déclaré : “Les derniers évènements démontrent une volonté d’intimider les journalistes et de les réduire au silence, soulignant bien que personne n’est à l’abri de la prison ou de poursuites judiciaires.” Il a ensuite ajouté qu’il y a également une volonté d’affaiblir le combat du syndicat pour la liberté de la presse et des journalistes face au ministère de l’Intérieur.


Alors qu’ils auraient pu être libérés plus tôt sous caution dans l'attente des résultats d'une enquête, ces trois leaders du syndicat avaient refusé de payer chacun cette caution de 10 000 livres égyptiennes (près de 1000 euros) et avaient donc été maintenus en détention dans l’attente d’une décision du procureur.


Pour rappel, les deux journalistes en question arrêtés au sein du Syndicat le 1er mai ont été placés le 2 mai dernier en détention provisoire, sans cesse renouvelée depuis.


L’Egypte est l’une des plus grandes prisons pour les journalistes, après la Chine, l’Erythrée et l’Iran. Le pays figure à la 159ème place (sur 180) du Classement de la liberté de la presse 2016 établi par RSF.

Publié le
Mise à jour le 31.05.2016