RSF dénonce la condamnation du photographe bahreini Sayed Ahmed Al Mousawi à 10 ans de prison
Le photographe freelance Sayed Ahmed Al Mousawi a été condamné le 22 novembre 2015 à 10 ans de prison pour terrorisme. Il est également déchu de sa nationalité. RSF dénonce un jugement arbitraire à l’encontre d’un photographe qui n’a fait que couvrir des manifestations démocratiques.
Sans cesse reporté depuis février 2015, le procès du photographe freelance Sayed Ahmed Al Mousawi a finalement eu lieu le 22 novembre. La Haute cour criminelle a décidé de condamner le journaliste à 10 ans de prison et de le déchoir de sa nationalité.Il était accusé d’avoir donné des cartes SIM à des manifestants “terroristes” et d’avoir pris des photos de rassemblements anti-gouvernementaux. Son avocat a indiqué qu’il ferait appel de la décision.
“Les menaces et campagnes d’intimidation à l’encontre des journalistes, professionnels ou non, n’ont qu’un seul but : étouffer les critique à l’encontre d’un régime répressif au nom de la lutte contre le terrorisme, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient. Il est scandaleux qu’un journaliste soit traité de la même manière qu’un terroriste. Les arrestations arbitraires de dissidents pacifiques, la torture systématique et l’impunité font du pays un danger pour les voix libres. RSF condamne l’arrestation arbitraire de ce photographe et demande aux autorités de revenir sur leur décision en abandonnant les charges portées contre lui.”
Les déchéances de la nationalité se sont multipliées cette année au Bahrein, incluant non seulement des opposants politiques, des membres du groupe Etat islamique mais aussi des médecins ou des journalistes.
Sayed Ahmed Al Mousawi, lauréat de nombreux prix internationaux, a été arrêté sans mandat d’arrêt le 10 février 2014 à son domicile dans la ville de Diraz. Sa caméra et ses appareils électroniques ont été confisqués lors de son interpellation. Son procès ne s’est ouvert qu’en décembre 2014. Selon sa famille, il a été sévèrement torturé en prison à plusieurs reprises, notamment au cours de son interrogatoire au sein de la Direction des enquêtes criminelles.
Aujourd’hui, et selon le recensement de RSF, huit journalistes et cinq journalistes-citoyens sont actuellement emprisonnés. Le procès du célèbre blogueur satirique Takrooz, arrêté le 18 juin 2014 à l’aéroport de Manama et accusé d’“incitation à la haine contre le régime” et d’“utilisation d’expressions incitant au sectarisme” sur Twitter est prévu pour le 25 novembre prochain. L’audience en appel du blogueur Ali Al-Mearaj est prévue le 1er décembre. Ce dernier avait été arrêté le 6 janvier 2014, puis condamné le 8 avril 2014 à deux ans et demi de prison ferme pour “mauvaises manipulations des technologies de l’information” et “insultes au roi” pour l’administration d’un site de l’opposition.
Le Bahrein est 163e sur 180 pays au Classement 2015 établi par Reporters sans frontières.