Le 2 mai 2015, une équipe de la
BBC a également été
arrêtée puis détenue par les autorités qataries pendant plus de 24 heures pour avoir filmé un groupe de travailleurs népalais dans le cadre de la préparation du Mondial de Football de 2022. Le reporter
Mark Lobel a affirmé qu’aucune accusation n’avait été retenue contre lui et les trois membres de son équipe. Cependant, ils ont dû passer deux nuits en prison et leur matériel de travail ne leur a pas été restitué. L’équipe de la BBC avait été invitée à participer à un tour organisé par le Qatar pour témoigner de l’amélioration des conditions de travail des travailleurs migrants, mais le chef du bureau de presse du gouvernement Saif Al-Thani a affirmé que l’équipe de la
BBC avait violé la loi en tentant de pénétrer dans un camp de travailleurs sans l’aval des autorités. Après avoir été relâchée, l’équipe de la
BBC a finalement été autorisée de sortie du territoire le 10 mai. C’est la deuxième fois en moins de deux mois que Doha fait arrêter et confisque le matériel de journalistes étrangers couvrant le travail des migrants.
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Florian Bauer, journaliste sportif pour les deux grandes chaînes publiques allemandes ARD et WDR a été arrêté le 27 mars avec son équipe - un caméraman, un ingénieur du son et un chauffeur - par des forces de sécurité alors qu’ils filmaient des ouvriers étrangers dans les chantiers. Ils ont été interrogés par la police avant d’être présentés devant un
procureur. Détenue pendant 14 heures, l’équipe s’est également vu interdite de quitter le territoire pendant cinq jours. Le matériel confisqué lors de l’arrestation n’a été rendu que quatre semaines plus tard, le 26 avril, avec des données effacées.
Reporters sans frontières est scandalisée par cette détention arbitraire et ces pratiques abusives. “
Le gouvernement de Doha doit permettre aux journalistes étrangers d’enquêter sur des sujets sensibles, tels que les droits de l’homme au Qatar, sans être inquiétés, déclare Christian Mihr, directeur exécutif de la section allemande de Reporters sans frontières.
Puisque le Qatar souhaite être sous le feu des projecteurs avec cet évènement sportif mondial, il faut aussi qu’il accepte les critiques internationales.”
L’équipe a pu sortir du pays le 2 avril grâce à l’intervention de l’ambassadeur allemand au Qatar. Arrêtés sans raison, ils ont été accusés de filmer sans autorisation alors que le journaliste avait
tenté plusieurs fois en vain - avant son voyage - d’obtenir une autorisation de filmer ainsi que des interviews avec différentes autorités qataries. Le Qatar, vivement critiqué au sujet des mauvaises conditions de travail des ouvriers étrangers, avait promis une amélioration des conditions et même
annoncé une nouvelle législation du travail en novembre 2014.
Malgré cet incident, le documentaire filmé par l’équipe a été diffusé le 4 mai.
Des lois de nature répressive, un contrôle étroit des journalistes étrangers
Il ne s’agit pas d’un cas isolé. En octobre 2013, un autre journaliste allemand, Peter Gieselmann, avait été
arrêté dans les mêmes circonstances. Cette année, à l’occasion du Championnat du monde de Handball, et conjointement avec la Fédération internationale de handball, le Qatar aurait “invité” près de 40% de journalistes étrangers pour couvrir l’évènement. Toutefois, certains journalistes ont
rapporté, après l’évènement, qu’ils devaient justifier chaque demande d’interview auprès d’officiels qataris.
Les médias qui souhaitent travailler au Qatar doivent avoir une licence. La diffamation comme le blasphème sont passibles d’
emprisonnement. Toute critique de la famille royale, information liée à la sécurité nationale ou toute nouvelle qui fait polémique deviennent des sujets tabous obligeant les acteurs de l’information ou de la société civile à s’autocensurer.
La
nouvelle loi sur la cybercriminalité adoptée en septembre 2014 met en danger la liberté d’expression et d’information puisqu’elle
établit que toute “diffusion de fausses nouvelles” sur Internet ou encore tout contenu publié qui porte atteinte aux “valeurs sociales” constituent une infraction pénale.
Le Qatar figure à la 115e place (sur 180) du
Classement 2015 sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières.