RSF condamne les assassinats ciblés de journalistes et le recours aux aveux forcés
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La télévision nationale syrienne a indiqué que Naji Assaad, journaliste à la retraite qui continuait à collaborer pour le quotidien gouvernemental Tishreen, a été tué ce 4 décembre 2012 devant son domicile dans le quartier de Tadamoun, dans le sud de la capitale syrienne, alors qu’il se rendait au journal. La télévision d'Etat syrienne évoque un acte "terroriste visant les forces vives de la nation".
Le 25 novembre 2012, le citoyen-journaliste Mohamed Al-Khal, plus connu sous le nom de Abu Bilel Al-Diri, avait été tué dans le bombardement du quartier de Hamidiya de Deir Ezzor, alors qu’il couvrait les affrontements entre les forces gouvernementales et les rebelles de l’Armée libre syrienne.
Reporters sans frontières rappelle que, depuis le début du conflit, au moins 16 journalistes et 44 citoyens-journalistes ont été tués en Syrie dans le cadre de leurs activités de collecte et de diffusion de l’information.
Par ailleurs, le 29 novembre 2012, le citoyen-journaliste Mohamed Qoraytem a été tué dans un bombardement du quartier de Daraya, au sud-ouest de Damas. Il faisait partie des fondateurs du journal Enab Baladi et était membre du Comité des médias au sein du groupe ‘Les jours de la liberté’ (Ayam Al-Huria). Il avait déjà été arrêté en 2003 du fait de ses activités militantes.
Trois journalistes étrangers sont toujours portés disparus, ou aux mains de leurs ravisseurs :
- Le 9 octobre 2012, une faction de l’Armée syrienne libre a kidnappé la journaliste ukrainienne Ankhar Kochneva, qui collabore avec de nombreux médias russes, notamment comme interprète. Ankhar Kochneva a pu confirmer son enlèvement, le 9 octobre, par téléphone. Les 12 et 13 octobre, elle a contacté la chaîne russe NTV, média pour lequel elle sert d’interprète. Le 8 novembre dernier, une première vidéo de la journaliste a été publiée, dans laquelle elle demande aux autorités ukrainiennes, russes et syriennes d’accéder aux demandes de ses ravisseurs. Le 29 novembre, une seconde vidéo tournée par ses ravisseurs a été mise en ligne. Dans cette vidéo, la journaliste affirme avoir travaillé pour les renseignements russes et syriens, en tant que traductrice. Il est vraisemblable que ses propos aient été tenus sous la contrainte.
- Le journaliste jordanien de la chaîne Al-Hurra, Bashar Fahmi Al-Kadumi, a disparu à Alep, le 20 août 2012. Une fois libéré, son confrère Cüneyt Ünal a déclaré que Bashar avait été blessé à l’abdomen par le tir d’un sniper de l’Armée syrienne libre.
- Austin Tice, journaliste américain collaborant avec le Washington Post, Al-Jazeera English et McClatchy, a disparu depuis le 13 août 2012, alors qu’il couvrait les événements dans la banlieue de Damas. Le 26 septembre 2012, une vidéo le montrant aux mains de djihadistes a été postée sur Internet. Il s’agit de la seule preuve de vie depuis sa disparition, mais elle ne donne aucune indication sur le lieu actuel de sa détention, ni sur l’identité exacte de ses ravisseurs et la nature de leurs revendications. Le 12 novembre, ses parents ont organisé une conférence de presse à Beyrouth afin de demander sa libération.
Reporters sans frontières condamne le recours à ces aveux forcés, filmés et retransmis à la télévision. L’organisation demande la libération immédiate de ces journalistes étrangers et exhorte les autorités syriennes à libérer l’ensemble des professionnels des médias syriens actuellement détenus. A ce jour, au moins 36 journalistes et citoyens-journalistes syriens croupissent dans les geôles du régime.
Publié le
Updated on
20.01.2016