Ismaïl Alexandrani, journaliste d’investigation indépendant,
chercheur et spécialiste des mouvements djihadistes dans la péninsule du Sinaï, a été arrêté le 29 novembre à l’aéroport de Hurghada, à son retour de Berlin. Connu pour ses critiques à l’encontre de l’Etat, Il est accusé d’avoir publié de “fausses informations” mais aussi d’appartenir à la confrérie des Frères musulmans. Après un interrogatoire par le parquet de la Sûreté nationale, le 1er décembre, il a été placé en détention provisoire pour 15 jours.
“
L’arrestation du journaliste Ismaïl Alexandrani prouve, s’il en était encore besoin, la volonté des autorités de systématiquement réprimer les voix dissidentes, déclare Alexandra El Khazen, responsable du bureau Moyen-Orient.
Cette série d’arrestations et de condamnations abusives sous des charges fallacieuses et identiques pousse les journalistes à l’auto-censure. RSF exhorte les autorités à relâcher tous les journalistes injustement détenus et à abandonner les charges contre eux.”
L’interrogatoire d’Ismail Alexandrani, qui a
écrit pour de nombreux médias étrangers, tels que
Le Monde Diplomatique ou le quotidien libanais
As Safir, devrait se poursuivre le 3 décembre. La situation sécuritaire au Sinaï étant très tendue du fait d’attentats djihadistes contre les forces de l’ordre, les journalistes ne peuvent plus exercer leur métier dans des conditions normales. Ces derniers doivent s’en tenir à la version officielle sur les attentats et leur bilan, sous peine de payer une lourde amende aux termes de la
loi anti-terroriste adoptée en août dernier.
Le 3 décembre doit également avoir lieu le
procès en appel des six journalistes jugés
aux côtés de responsables du groupe des Frères musulmans en Egypte dans le
procès dit de la “salle des opérations de Rabaa”. Ils avaient été condamnés à la prison à vie en avril dernier et sont accusés de publications de “fausses nouvelles”, d’incitation à la violence et au chaos et d’avoir organisé une “salle des opérations” visant à orchestrer des attaques contre le gouvernement lors des manifestations pro-Morsi en août 2013.
Déjà malmenée sous le gouvernement Morsi, la situation de la liberté d’information en Egypte s’est encore dégradée depuis l’accession au pouvoir de Abdel Fattah Al-Sissi. Le pays est devenu l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes. Au moins
20 journalistes y sont actuellement emprisonnés. Le pays figure à la 158e position (sur 180) du
Classement mondial de la liberté de la presse 2015.