RSF appelle les autorités mexicaines à renforcer le mécanisme de protection des journalistes

Lors d’un séjour au Mexique du 31 mars au 3 avril 2014, le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, a appelé les autorités mexicaines à "renforcer dès que possible le mécanisme fédéral de protection des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes" institué en octobre 2012. Dans ce pays situé à la 152ème place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse, 89 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions depuis 2000 et 17 sont portés disparus, selon les statistiques de l’organisation. Dans l’immense majorité des cas, ces journalistes ont été tués par des groupes de crime organisé, sur lesquels ils menaient des enquêtes. Certaines autorités corrompues, en collusion avec les cartels, sont aussi parfois à l’origine des attaques. Au cours d’une conférence de presse clôturant quatre jours de rencontres avec des représentants des autorités, des médias et de la société civile, le dirigeant de Reporters sans frontières a "regretté le niveau extrêmement élevé des exactions commises contre les journalistes et la quasi impunité dont jouissent ceux qui les commettent". Il a précisé s’être rendu à Mexico après que la correspondante de l’organisation, Balbina Flores, a été l’objet de menaces en mars : "c’est une situation stupéfiante que Balbina, qui n’a de cesse de défendre courageusement des journalistes menacés et leurs familles, soit à son tour l’objet d’intimidations". Lors de sa visite, Christophe Deloire s’est entretenu avec de nombreuses personnalités, notamment le secrétaire du gouvernement, Miguel Ángel Osorio Chong, et la sous-secrétaire aux droits de l’homme, Lia Limon Garcia. Le secrétaire général de RSF a fait valoir auprès d’eux que le mécanisme fédéral, avant même la crise qu’il traverse, n’avait manifestement pas su s’extraire de lourdeurs bureaucratiques au point d’être obligé de formuler un constat d’échec : "les délais d’intervention prévus par la loi n’ont jamais été respectés, les fonds affectés n’ont pas été débloqués et les bénéficiaires potentiels ont fini par ressentir une profonde déception". Le secrétaire du gouvernement du Mexique a affirmé "la volonté pleine et entière" du gouvernement mexicain à procéder à "une restructuration intégrale" du mécanisme fédéral de protection des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, "dont les résultats n’ont pas été satisfaisants". Il a affirmé avoir eu une réunion le jour même à ce sujet avec le président de la République, Enrique Pena-Nieto, à qui Reporters sans frontières avait par ailleurs envoyé un courrier le 24 mars dernier (en pièce jointe). Christophe Deloire s’est également entretenu avec le maire de Mexico, Miguel Angel Mancera (photo), du mécanisme local dont ont bénéficié à ce jour 53 journalistes et défenseurs des droits de l’homme, et des mesures mises en places pour la protection de Balbina Flores. Le maire de la capitale s’est également engagé à mettre en place un protocole pour réduire les violences policières contre les journalistes. Le 2 octobre 2013, lors des manifestations de commémoration des massacres d’étudiants de 1968, Reporters sans frontières avait recensé au moins 31 cas de professionnels de l’information malmenés par les forces de police.