RSF appelle les autorités marocaines à cesser de harceler le journaliste Omar Radi
Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités marocaines à mettre fin au harcèlement dont est victime le journaliste d’investigation Omar Radi qui vient d'être convoqué par une unité de la direction générale de la sûreté nationale.
Omar Radi, 33 ans, co-créateur du site d’information Le Desk, journaliste et militant des droits de l'Homme, connu pour ses enquêtes sur la corruption au Maroc ainsi que sur les mouvements sociaux tels que le Hirak du Rif, a annoncé mercredi 24 juin qu’il était convoqué ce 25 juin par une unité de la direction générale de la sûreté nationale marocaine.
Dans un communiqué, le procureur général du Roi a expliqué que cette convocation intervient "dans le cadre d’une enquête sur son implication présumée dans une affaire d’obtention de financements de l’étranger, en relation avec des services de renseignement".
Cette convocation survient trois jours après la publication d’un rapport d’Amnesty International établissant que le téléphone du journaliste avait fait l’objet d’un espionnage via Pegasus, un logiciel développé par l’entreprise israélienne NSO courant 2019.
“Au lieu de faire toute la lumière sur l’affaire de surveillance illégale dont est victime Omar Radi, les autorités marocaines préfèrent s’en prendre au journaliste et engager des poursuites à son encontre sur la seule base d’informations non vérifiées relayées sur les réseaux sociaux, déclare Souhaieb Khayati directeur du bureau Afrique du Nord de RSF. Reporters sans frontières appelle les autorités marocaines à cesser immédiatement leur harcèlement contre un journaliste indépendant qui ne fait qu'exercer son métier et qui risque aujourd’hui jusqu’à cinq ans de prison.”
Le 17 mars dernier, Omar Radi avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir publié un tweet le 5 avril 2019 critiquant le verdict d'un magistrat contre des membres du Hirak, un mouvement de contestation sociale qui a agité le nord du Maroc en 2016 et 2017. Un juge de la cour d'appel de Casablanca avait à l’époque condamné 42 membres du Hirak à des peines allant jusqu'à vingt ans d'emprisonnement. “Ni oubli, ni pardon pour ces fonctionnaires sans dignité”, avait alors tweeté le journaliste, qualifiant au passage les magistrats de “bourreaux”.
Le Maroc est 133ème au classement mondial de la liberté de la presse 2020 de RSF.