RSF appelle le gouvernement des Maldives à respecter les droits des journalistes

Reporters sans frontières (RSF) s’associe à d’autres organisations pour condamner les atteintes à la liberté de la presse recensées depuis la mise en place de l’état d’urgence aux Maldives. Les ONG lancent un appel conjoint pour que les journalistes puissent travailler normalement durant cette période critique.

Dans le contexte actuel de crise politique aux Maldives, La Fédération internationale des journalistes (IFJ), Reporters sans frontières (RSF) et le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) expriment leur profonde préoccupation au sujet des restrictions et des menaces qui pèsent sur les médias et la liberté de la presse dans le pays, et appellent les autorités à laisser les médias travailler sans risque de représailles.


Les trois organisations de défense de la liberté de la presse condamnent conjointement les récentes menaces de fermeture de médias proférées au nom de la sécurité nationale, dans le contexte actuel de crise politique et de déclaration de l’état d’urgence. Les médias aux Maldives subissent des atteintes sans précédent, rendant impossible la publication de reportages indépendants ou critiques dans un esprit de recherche de l'intérêt général.


Le président maldivien Abdullah Yameen a décrété le 5 février l’état d’urgence pour 15 jours, après que la Cour suprême du pays a ordonné le 1er février la libération des leaders politiques de l’opposition et la réintégration au Parlement de 12 députés d’opposition démis de leurs mandats. Cette décision a ainsi placé le gouvernement du président Yameen en minorité. Dans une manoeuvre menaçant directement l’indépendance de l’appareil judiciaire, le gouvernement a refusé de respecter les ordonnances de la Cour suprême, puis a arrêté son président et un autre juge. Après cette action, les juges encore en poste ont annulé l’ordonnance initiale.


Deux journalistes travaillant pour l’Agence France-Presse, le photographe indien Money Sharma, et le caméraman britannique Atish Patel, ont été arrêtés le 9 février. Un jour plus tôt, le ministre de la Défense a averti qu’il prendrait des mesures contre les médias qui diffuseraient “des contenus affectant la sécurité nationale” sans avis préalable. Le communiqué précise également que les émissions diffusées en direct pouvaient “semer le chaos et des troubles au sein du public et créer de la discorde dans la société”. Suite à cet avertissement, la chaîne Raajje TV, proche de l’opposition, a suspendu sa diffusion régulière en raison “d’un harcèlement accru, de menaces et d’intimidation”, et d’un “environnement potentiellement trop dangereux pour que les journalistes puissent exercer leur métier librement et indépendamment, sans peur”. La chaîne a également annoncé que la police maldivienne a levé les mesures de sécurité qui entouraient la station, laquelle a déjà fait l’objet de plusieurs attaques par le passé.


Le 4 février, Abdul Raheem Abdullah, chef adjoint du parti au pouvoir, le Parti progressiste des Maldives (PPM), a appelé les forces de sécurité à fermer immédiatement Raajje TV, l’accusant de donner du temps d’antenne aux leaders de l’opposition.


La police a également interrogé les journalistes des médias en ligne Avas et Mihaaru le 1er février, après que ces sites ont publié les déclarations de l’ancien vice-président des Maldives emprisonné, Ahmed Adeeb. La Commission de diffusion des Maldives (MBC), et l’administration pénitentiaire ont, le 2 février, sorti deux communiqués différents mettant en garde les médias de la diffusion de contenus qui “menaceraient la sécurité nationale”.


Ces restrictions arrivent alors que les médias maldiviens sont déjà contraints de faire preuve d’un haut niveau d’autocensure sous la loi draconienne anti-diffamation et de liberté d’expression.


L’IFJ, RSF et le CPJ réaffirment que, durant l’agitation politique qui secoue actuellement les Maldives, il est crucial que les médias puissent informer librement et sans crainte de représailles, afin que le public soit en mesure d’accéder à une information viable. Le niveau de menaces exercées par les autorités contre les journalistes est pourtant très dangereusement élevé, rendant impossible l’exercice d’un journalisme indépendant. L’état actuel des menaces et de la répression dirigées contre les médias maldiviens contrevient aux standards internationaux de liberté de la presse, pourtant cruciaux pour la démocratie et l’Etat de droit.


Toutes les menaces et les pressions contre les médias aux Maldives doivent cesser immédiatement et l’Etat doit agir pour assurer la sécurité et la protection des médias et des journalistes.


Au cours de cette période critique pour la démocratie maldivienne, nous demandons aux autorités de prendre immédiatement des mesures pour garantir la liberté de la presse et la sécurité des médias et des journalistes, afin de leur permettre de travailler librement et sans crainte de poursuites judiciaires ou d’autres menaces.


Les Maldives se situent à la 117ème place sur 180 pays dans le Classement mondial pour la liberté de la presse 2017.

Publié le
Mise à jour le 14.02.2018

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