RSF adresse une lettre ouverte au Président algérien Abdelaziz Bouteflika
S.E.M Abdelaziz Bouteflika
Présidence de la République algérienne démocratique et populaire Place Mohamed Seddik Benyahia
El Mouradia
16000 Alger
Paris, le 30 octobre 2018
Monsieur le Président de la République,
Le jour où l’Algérie a célébré la journée nationale de la Presse, le 22 octobre 2018, le directeur des sites Algérie Direct et Dzair Presse, Adlène Mellah, a été arrêté par la gendarmerie nationale. Le lendemain, le rédacteur en chef et journaliste du site d’information Algérie Part, Abdou Semmar, et son collaborateur, Merouane Boudiab ont été interpellés, avant de comparaître deux jours plus tard devant le tribunal pénal de Said Hamdine. Adlène Mellah a quant à lui été présenté devant le tribunal correctionnel Abane Ramdane. Inculpés de diffamation et outrage aux institutions et atteinte à la vie privée, placés sous mandat de dépôt, ils risquent des peines allant de deux à cinq ans de prison.
Les trois journalistes ont été arrêtés et poursuivis pour leur activité journalistique. Notre organisation appelle à leur libération immédiate.
Monsieur le Président, dans votre message adressé aux journalistes et aux médias algériens à l’occasion de la journée nationale de la presse, vous avez évoqué le rôle déterminant des journalistes pour le renforcement de l’État de droit. Vous avez souligné l’importance de développer une presse professionnelle et indépendante. Pour la première fois, en 2016, sous votre présidence, la liberté de la presse est devenue un principe constitutionnel. RSF avait notamment salué à l’époque l’introduction de l’article 50 qui marquait une avancée importante pour le droit et la liberté d’informer en Algérie.
Monsieur le Président, nous nous adressons à vous en tant que premier garant du respect et de la mise en oeuvre des obligations internationales que votre pays a librement souscrites. Nous vous appelons à intervenir immédiatement en faveur de la libération des journalistes Abdou Semmar, Merouane Boudiab, et Adlène Mellah.
Monsieur le Président, je vous prie d'agréer l’expression de ma très haute considération.
Christophe Deloire
Secrétaire général