RSF adresse une lettre à François Hollande sur la liberté de la presse en Somalie
Organisation :
A l'occasion de la rencontre entre le président François Hollande et son homologue somalien, Hassan Sheikh Mohamoud, Reporters sans frontières attire l'attention du chef de l'Etat français sur la situation de la liberté de l'information en Somalie. Quand ils ne sont pas la cible des milices armées, comme les Shebab, les journalistes sont détenus arbitrairement par les autorités. Sur le point d'être soumis à des lois restreignant encore un peu plus la liberté de la presse, les journalistes somaliens continuent de faire les frais de l'absence d'Etat de droit en Somalie.
Monsieur François Hollande
Président de la République française
Palais de l'Élysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Paris, le 14 octobre 2014
Monsieur le Président,
A l’occasion de la visite à Paris de Monsieur Hassan Sheikh Mohamoud, président de la République fédérale de Somalie, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l'information, porte à votre attention les dangers que fait peser le gouvernement somalien sur les journalistes.
Nous sommes bien conscients des défis sécuritaire auxquels fait face la Somalie, mais brider les médias ou emprisonner des journalistes ne servira pas l'établissement de l'Etat de droit dans ce pays qui reste l’un des plus dangereux pour la profession. Il y a quelques mois, le journaliste Yusuf Kenyan a été tué dans un attentat à la voiture piégée. Au cours de l’année 2013, pas moins de sept journalistes ont été assassinés. L’année précédente, ils étaient 18 à avoir été tués.
Si les journalistes sont régulièrement exposés à la violence des groupes armés, notamment de la milice shebab, ils sont également la cible des mesures répressives du gouvernement à l’égard de la liberté de l’information. Reporters sans frontières est particulièrement préoccupée par le contenu de la loi sur les médias qui sera bientôt proposée à la signature du président. Bien loin d’une protection de la liberté de la presse, ce texte, qui prévoit des sanctions disproportionnées et des offenses mal définies, ne fera que museler davantage les médias pourtant si nécessaires au développement d'une démocratie stable et durable. En l’adoptant, le président signerait l’arrêt de mort du journalisme indépendant en Somalie.
Par ailleurs, depuis près de deux mois, quatre journalistes reconnus sont emprisonnés, sans procès, dans les geôles de Mogadiscio. A l'issue d'un violent raid des forces de sécurité contre les locaux de leur radio le 19 août, Abdiimalik Yusuf, propriétaire de Shabelle Media Network, Ahmed Abdi Hassan, rédacteur en chef de Radio Shabelle, et Mohamud Mohamed Dahir, directeur de Sky FM ont été arrêtés et accusés de haute trahison et d'incitation à la révolte. Quelques semaines plus tard, un autre journaliste de Radio Shabelle, Mohamed Bashir Hashi, a été arbitrairement arrêté sans qu'aucun motif n'ait été fourni. Pour avoir fait leur métier de journaliste, pour avoir témoigné de ce qui se passait dans leur pays, ils risquent aujourd'hui la peine de mort. Quels qu’aient pu être les propos tenus sur les ondes de ces radios, cet emprisonnement et ces charges sont totalement disproportionnés. Il est essentiel que ces journalistes puissent bénéficier d'un procès équitable.
Alors que la France est engagée à combattre l'impunité des crimes commis contre les journalistes, nous vous demandons, Monsieur le Président, de faire de ce cas l'un des points de vos discussions avec votre homologue M. Hassan Sheikh Mohamoud.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette demande et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
Christophe Deloire,
Secrétaire général de Reporters sans frontières
(photo slideshow: Hassan Sheikh Mohamoud, président de la République fédérale de Somalie)
Monsieur François Hollande
Président de la République française
Palais de l'Élysée
55 rue du Faubourg Saint-Honoré
75008 Paris
Paris, le 14 octobre 2014
Monsieur le Président,
A l’occasion de la visite à Paris de Monsieur Hassan Sheikh Mohamoud, président de la République fédérale de Somalie, Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de l'information, porte à votre attention les dangers que fait peser le gouvernement somalien sur les journalistes.
Nous sommes bien conscients des défis sécuritaire auxquels fait face la Somalie, mais brider les médias ou emprisonner des journalistes ne servira pas l'établissement de l'Etat de droit dans ce pays qui reste l’un des plus dangereux pour la profession. Il y a quelques mois, le journaliste Yusuf Kenyan a été tué dans un attentat à la voiture piégée. Au cours de l’année 2013, pas moins de sept journalistes ont été assassinés. L’année précédente, ils étaient 18 à avoir été tués.
Si les journalistes sont régulièrement exposés à la violence des groupes armés, notamment de la milice shebab, ils sont également la cible des mesures répressives du gouvernement à l’égard de la liberté de l’information. Reporters sans frontières est particulièrement préoccupée par le contenu de la loi sur les médias qui sera bientôt proposée à la signature du président. Bien loin d’une protection de la liberté de la presse, ce texte, qui prévoit des sanctions disproportionnées et des offenses mal définies, ne fera que museler davantage les médias pourtant si nécessaires au développement d'une démocratie stable et durable. En l’adoptant, le président signerait l’arrêt de mort du journalisme indépendant en Somalie.
Par ailleurs, depuis près de deux mois, quatre journalistes reconnus sont emprisonnés, sans procès, dans les geôles de Mogadiscio. A l'issue d'un violent raid des forces de sécurité contre les locaux de leur radio le 19 août, Abdiimalik Yusuf, propriétaire de Shabelle Media Network, Ahmed Abdi Hassan, rédacteur en chef de Radio Shabelle, et Mohamud Mohamed Dahir, directeur de Sky FM ont été arrêtés et accusés de haute trahison et d'incitation à la révolte. Quelques semaines plus tard, un autre journaliste de Radio Shabelle, Mohamed Bashir Hashi, a été arbitrairement arrêté sans qu'aucun motif n'ait été fourni. Pour avoir fait leur métier de journaliste, pour avoir témoigné de ce qui se passait dans leur pays, ils risquent aujourd'hui la peine de mort. Quels qu’aient pu être les propos tenus sur les ondes de ces radios, cet emprisonnement et ces charges sont totalement disproportionnés. Il est essentiel que ces journalistes puissent bénéficier d'un procès équitable.
Alors que la France est engagée à combattre l'impunité des crimes commis contre les journalistes, nous vous demandons, Monsieur le Président, de faire de ce cas l'un des points de vos discussions avec votre homologue M. Hassan Sheikh Mohamoud.
Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette demande et vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération.
Christophe Deloire,
Secrétaire général de Reporters sans frontières
(photo slideshow: Hassan Sheikh Mohamoud, président de la République fédérale de Somalie)
Publié le
Updated on
20.01.2016