Retour à la case prison; pour des journalistes sans cesse harcelés par la justice
Reporters sans frontières demande la libération de Farshad Gorbanpour, placé en détention le 31 juillet 2007, sur les ordres de Saïd Mortazavi, procureur de Téhéran. Cette décision porte à onze le nombre de journalistes et cyberdissidents emprisonnés en Iran. Le même jour, la 6ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné le journaliste Emadoldin Baghi à trois ans de prison. Sa femme, Fatemeh Kamali Ahmad Sarahi, directrice du mensuel Jameh-e-no (suspendu) et sa fille, ont écopé d'une peine de prison avec sursis.
“Comment survivre face à une machine judiciaire froide, aux ordres, et qui s'acharne, au fil du temps, à faire taire les journalistes qui dérangent en les poussant vers la porte de l'exil? Ces derniers doivent répondre à des accusations farfelues et sans fondements, pour lesquelles ils encourent des peines de prison”, a déclaré l'organisation.
“Alors que deux journalistes viennent d'être condamnés à mort, la situation des droits de l'homme en Iran continue de se détériorer de jour en jour. Les professionnels des médias subissent, aux côtés des mouvements féministes et estudiantins, toujours davantage de pressions”, a ajouté Reporters sans frontières.
Le 31 juillet 2007, la 6ème chambre du tribunal révolutionnaire de Téhéran a condamné le journaliste Emadoldin Baghi, ancien rédacteur en chef du quotidien Jomhouriat (suspendu en juillet 2004 ), à trois ans de prison pour « action contre la sécurité nationale » et « publicité en faveurs des opposant contre le régime » après qu'il a pris la défense, dans ses articles, de condamnés à mort dans la région du Khozestan (Sud). Sa femme, Fatemeh Kamali Ahmad Sarahi, et sa fille, Maryam Baghi, ont été condamnées à trois ans de prison avec sursis, avec une période de probation de cinq ans, pour “réunion et collusion visant à troubler la sûreté nationale”. Elles étaient poursuivies pour avoir participé, en 2004, à une série d'ateliers sur les droits de l'homme se tenant à Dubaï.
Emadoldin Baghi, 45 ans, et son épouse sont régulièrement convoqués et interrogés par des agents du ministère des Renseignements. En 2000, Emadoldin Baghi avait déjà purgé une peine de trois ans de prison pour "atteinte à la sécurité nationale". Il avait été libéré le 6 février 2003. A sa sortie de prison, il a fondé une association de défense des droits des prisonniers d'opinion, toujours en activité. Il est interdit de quitter le territoire iranien depuis le 5 octobre 2004.
Dans une autre affaire, Masoud Bastani et Farshad Gorbanpour, collaborateurs de plusieurs publications, dont le journal en ligne Roozonline, ont été interpellés le 31 juillet 2007. Masoud Barstani a été libéré après quelques heures et doit se représenter le 1er août devant le tribunal de Téhéran, tandis que Farshad Gorbanpour a été placé en détention dans le dortoir sécuritaire 209 de la prison d'Evin. Les charges retenues contre les deux hommes n'ont pas été révélées. Masoud Bastani avait, une première fois, été condamné en 2003 à six mois de prison, 70 coups de fouet et cinq ans d'interdiction d'activité journalistique. En 2005, il avait de nouveau été incarcéré pour avoir couvert une manifestation en faveur de la libération du journaliste Akbar Ganji. Par ailleurs, un troisième collaborateur de Roozonline, Soheil Assefi, a reçu une convocation pour se présenter, le 1er août, devant le tribunal de Téhéran après que des agents du parquet ont perquisitionné son domicile. Des documents personnels et le disque dur de son ordinateur ont été saisis.
Enfin, Reporters sans frontières lance une pétition pour demander la libération des journalistes Adnan Hassanpour et Abdolvahed “Hiva” Botimar. Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Alireza Jamshidi, a confirmé le 31 juillet 2007, que les deux hommes avaient été condamnés à la pendaison “pour être mohareb”, c'est-à-dire “ennemis de Dieu” par le tribunal de Marivan (Kurdistan iranien).