Reprise des agressions à l’encontre de professionnels de l’information au Kurdistan irakien

Au cours de la semaine passée, de nombreux professionnels de l’information ont été la cible d’attaques délibérées à Erbil de la part d’inconnus, sous le regard passif de policiers, et de forces de sécurité de l’Union patriotique du Kurdistan à Suleimaniyeh. Dans la soirée du 13 juillet 2011, de nombreux journalistes ont été pris agressés par des individus armés, en tenue civile, alors qu’ils étaient venus couvrir l’incendie d’un bâtiment à proximité du principal centre commercial à Erbil, le Family Mall. Les forces de l’ordre présentes sur les lieux n’ont pas cru bon d’intervenir Farman Muhammad, coordinateur des reporters pour NTR à Erbil, a déclaré à Reporters sans frontières : « Notre équipe venue couvrir l’incendie était composée d’un reporter, Nebez Shwani, et d’un photographe, Ibrahim Adnan. Les gardiens et des employés du Mall les ont attaqués et violemment frappés, au point où le photographe a eu la main cassée ; caméra a été endommagée. » Il ajoute : « Des dizaines de policiers étaient présents. Nebez et Ibrahim leur ont demandé d’intervenir. Mais ils n’ont pas bougé le petit doigt pendant que les autres se défoulaient sur nos deux journalistes. Ils ont même détruit la cassette montrant l’incident ». Une équipe de Gali Kurdistan (chaîne de l’Union patriotique du Kurdistan), composée du reporter Miran Bakr, et du photographe Hawkar Hassan ont également été victime d’une violente agression. Hemn Muhamad, de Kurdsat (chaîne satellitaire de l’UPK), a quant à lui été menacé d’être frappé s’il continuait à filmer. La police d’Erbil a indiqué avoir été informée des incidents et a encouragé les journalistes à porter plainte contre leurs agresseurs. Miran Bakr a mentionné à Reporters sans frontières avoir porté plainte, mais déplore que personne n'ait encore été arrêté. « J'ai donné aux Asayesh la vidéo et les photos de ceux qui nous ont roué de coups. Les agresseurs s'étaient eux-mêmes présentés comme des Asayesh. Mais ces derniers démentent toute implication. » Le 15 juillet 2011, alors que les manifestations reprenaient à Suleimanieh, les forces de sécurité de l’UPK ont attaqué un groupe de journalistes venus couvrir les événements. Rahman Ghareeb, journaliste à Sumariya News et coordinateur du Centre Métro pour la liberté de la presse, a été brièvement interpellé et violemment agressé. « Aucun journaliste n’était autorisé à prendre des photos. Certains ont quand même bravé l’interdiction. Mais la plupart étaient venus sans leur matériel, sachant que les forces de sécurité risquaient de le casser. » « Quelqu’un m’a dit : ‘Viens avec moi, tu es notre ennemi’. J’ai résisté, mais il m’a poussé, aidé par d’autres. Ils ont commencé à me rouer de coups, devant des centaines de personnes. Ils m’ont relâché 15 minutes plus tard ». « Ce qui est le plus grave c’est que lorsqu’ils apprennent que tu es journaliste, ils te frappent, sans explication. » Hawzhin Gharib, coordinateur des journalistes pour le journal Chatr, témoigne : « J’étais avec des amis place Saray pour couvrir les manifs. Soudain, un officier nous a demandé de le suivre. Il ne nous a pas laissé le choix. On a quitté la place et contourné une maison. Une fois de l’autre côté, une dizaine de personnes ont commencé à nous frapper, tout simplement parce que nous étions journalistes. » Bestun Muhammad, du site d’informations Sbey.com, Ahmed Qadr et Chenar Yasseen, de Chatr, ont également été la cible d’agressions de la part des forces de sécurité de l’UPK. Reporters sans frontières rappelle qu’entre la mi-février et la mi-mai 2011, au plus fort du mouvement de contestation démocratique au Kurdistan, l’organisation avait recensé plus de : * 40 cas d’agressions de professionnels de l’information, * 23 interpellations, * 2 tentatives d’enlèvement * 5 cas de journalistes grièvement blessés * 3 actions en justice * 4 médias attaqués Hawlati, NRT, KNN et Payam TV Lire : http://fr.rsf.org/irak-lvin-cible-des-poursuites-de-l-upk-18-05-2011,40302.html
Publié le
Updated on 20.01.2016