Représailles du PDK contre des médias et journalistes pro-PKK sur fond de conflit syrien

Dans un contexte régional fortement perturbé par la guerre en Syrie, les tensions historiques entre le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) au Kurdistan irakien et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) en Turquie sont ravivées, ce qui n’est pas sans conséquences pour les journalistes et les médias, et plus largement pour la liberté de l’information. Le 19 mai 2014, en réaction aux exactions du Parti de l’Union démocratique (PYD) - branche du PKK en Syrie, et principale force politique dans les zones à population kurde du nord du pays - contre les institutions pro-PDK en Syrie, notamment l’expulsion de politiciens proches du leader du PDK, Massoud Barzani (également Président du gouvernement régional du Kurdistan), les forces de sécurité du PDK ont pris pour cible huit institutions pro-PKK dans les villes d’Erbil, Dohuk et Zakho (contrôlées par le PDK), parmi lesquelles des médias. L’agence d’informations turque Dicle News Agency (DIHA) ainsi que le mensuel Rojava Welat ont alors été fermés et leurs journalistes interpellés pendant quelques heures. Le 3 juin 2014, une manifestation a été organisée devant le Parlement à Erbil notamment par l’Organisation des femmes libres au Kurdistan (RJAK), également visée par l’opération du 19 mai. Pour Wahbi Damir, responsable de DIHA au Kurdistan irakien, cette fermeture ne repose sur aucun fondement légal. “Aucun mandat ne nous a été donné”, déclare-t-il à Reporters sans frontières, ajoutant avoir été menacé s’il venait à faire des déclarations à la presse. “Les forces de sécurité ont fermé nos bureaux, alors que tout notre matériel journalistique s’y trouve”. Contactée par RSF, Najiba Umlar, co-présidente du Parti pour la solution démocratique du Kurdistan (PÇDK), dont les bureaux ont également été attaqués et fermés, a déclaré que le PDK empêche son parti et les médias pro-PKK de travailler librement dans les zones que le parti contrôle. Elle estime que “le PDK ne tolère pas nos opinions sur le mouvement nationaliste kurde en Turquie et en Syrie”. Les médias pro-PDK connaissent eux des difficultés à fonctionner et à travailler librement dans les zones contrôlées par le PYD en Syrie. Reporters sans frontières exhorte les différents partis politiques à respecter le travail des journalistes. De leur côté, les médias et les professionnels de l’information doivent faire preuve d’indépendance et de professionnalisme, jouant leur rôle de contre-pouvoir, en n’alimentant pas les tensions et différends politiques historiques.
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Updated on 20.01.2016