L'impunité demeure un an et demi après l'exécution par balles du rédacteur en chef d'Oakland Post, le 2 août 2007. Reporters sans frontières demande notamment que le FBI soit saisi du fond de l'affaire, en plus de l'enquête interne qu'il mène déjà sur les manquements de la police locale à l'époque des faits.
Dans une lettre adressée le 29 janvier 2009 au nouveau ministre fédéral de la Justice, Eric Holder, Reporters sans frontières a demandé que l'enquête sur l'assassinat de Chauncey Bailey soit directement confiée aux autorités fédérales. L'impunité demeure, un an et demi après l'exécution par balles, le 2 août 2007, du rédacteur en chef de l'hebdomadaire Oakland Post dans la ville d'Oakland (Californie). Les graves manquements de la police locale dans le traitement de cette affaire font déjà l'objet de multiples procédures, et notamment d'une enquête interne du FBI. L'organisation souhaite que celui-ci soit saisi du fond de l'affaire.
“L'accusé principal fait figure de bouc émissaire et aucune poursuite n'a encore été engagée contre le commanditaire présumé. Les deux hommes ne devraient d'ailleurs pas être les seuls en cause dans ce crime brutal. Plusieurs éléments tendent à démontrer que des officiers de la police locale ont cherché à protéger les responsables de la mort de Chauncey Bailey ou tout au moins commis des fautes graves dans l'enquête. Le Chauncey Bailey Project, une initiative de journalistes de la région de San Francisco destinée à faire la lumière sur cet assassinat, a récemment révélé que
le report d'une perquisition de la police d'Oakland dans les locaux d'un réseau communautaire a peut-être coûté la vie à Chauncey Bailey”, ont rappelé Jean-François Julliard, secrétaire général de Reporters sans frontières, et Lucie Morillon, représentante de l'organisation à Washington.
Les cosignataires de la lettre ont salué comme un “pas positif” l'enquête ordonnée par le ministre de la Justice de Californie, Jerry Brown, sur l'attitude de la police d'Oakland à l'époque des faits. Néanmoins, “M. Brown pourrait se retrouver face à un conflit d'intérêts en enquêtant sur une administration dont il avait la charge alors qu'il était maire d'Oakland”, a souligné l'organisation, rappelant enfin que le chef de la police d'Oakland, Wayne Tucker, a préféré démissionner, le 27 janvier 2009, plutôt que de se soumettre au vote de confiance de la municipalité. Le policier démissionnaire a lui-même reconnu que des “erreurs” avaient été commises dans l'enquête sur l'assassinat du journaliste.
“Pour toutes ces raisons, nous vous demandons d'intervenir, de procéder à une enquête indépendante et de poursuivre les responsables de l'assassinat de Chauncey Bailey”, ont demandé au ministre fédéral les représentants de l'organisation, qui réaffirme son soutien au Chauncey Bailey Project et à ses journalistes (site : http://www.chaunceybaileyproject.org).
Chauncey Bailey a été assassiné alors qu'il enquêtait sur des transactions douteuses émanant de la Your Black Muslim Bakery, un réseau de boulangeries communautaire dirigé par Yusuf Bey IV. Ce dernier, soupçonné d'être à la tête d'un gang, aurait bénéficié de protections de certains fonctionnaires de la police locale, mise en cause dans des affaires de corruption que Chauncey Bailey cherchait également à éclaircir.
Les preuves se sont accumulées quant à l'implication de Yusuf Bey IV dans l'assassinat du journaliste, mais il n'a toujours pas été formellement inculpé du crime. Ancien employé de la Your Black Muslim Bakery, suspecté d'être l'auteur matériel du crime, Devaughndre Broussard était convoqué à une audience préliminaire ce 30 janvier. Il était précédemment revenu sur ses aveux, expliquant avoir été l'objet de pressions de la direction de Your Black Muslim Bakery.