Reporters sans frontières s'inquiète des violences commises contre des journalistes à Istanbul
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Le 4 mai 2008, à Istanbul, trois employés du quotidien de centre droit Vatan ont été agressés au cours d'un reportage et le siège du quotidien islamiste Yeni Safak a été la cible de tirs d'armes à feu.
“Nous dénonçons les violences dont ont été victimes les journalistes en Turquie ces derniers jours. Nous appelons les autorités à réagir afin de mettre un terme à ces actes et à en punir les auteurs”, a déclaré Reporters sans frontières.
Le reporter Alper Urus et le photographe Ilker Akgüngör, tous deux du quotidien Vatan, ainsi que leur chauffeur Ahmet Sener, se sont rendus, le 4 mai, dans le quartier de Beykoz à Istanbul, afin d'enquêter sur deux villas appartenant au leader de la communauté religieuse Ismailaga, Mahmut Hodja. Les journalistes ont sonné à la porte des habitations mais personne ne leur a répondu. Ils ont alors pris des photos des villas. Alors qu'il s'apprêtaient à repartir, une dizaine de membres de la communauté leur ont barré la route et les ont agressés.
“Ils ont commencé par donner des coups de poing sur le véhicule puis nous ont agressés. Ils ont demandé les photos que l'on venait de prendre et Ilker a refusé. Ils l'ont alors fait sortir du véhicule pour le battre. Ilker saignait de l'oeil mais ils ont continué à lui donner des coups jusqu'à ce que du sang coule de sa bouche”, a déclaré Alper Urus. “J'ai moi aussi été atteint à la tête. Notre chauffeur est blessé au niveau des côtes gauches. Ils ont pris notre appareil photo et notre sac”, a poursuivi le journaliste.
Les trois hommes ont trouvé refuge à la gendarmerie de Cavusbasi où ils ont porté plainte. Le parquet de Beykoz se saisira de l'affaire une fois que la gendarmerie lui aura transmis le dossier.
Par ailleurs, pendant la nuit du 4 mai, dans le district de Bayrampasha à Istanbul, des inconnus ont tiré à l'arme à feu sur le siège du quotidien Yeni Safak, sans faire de victimes. Des employés se trouvaient encore dans les locaux pour boucler l'édition du journal, lorsque cinq coups ont été tirés. La rédaction du Yeni Safak a publié un communiqué dans lequel elle évoque un possible lien entre cette attaque et la parution d'articles sur des bandes armées. La police analyse les images enregistrées par les caméras de surveillance installées dans la rue.
Le 23 mars dernier, en marge des célébrations du nouvel an kurde, six journalistes avaient fait l'objet de violences de la part des forces de l'ordre. Plus récemment, lors des manifestations du 1er mai, plusieurs journalistes avaient été agressés par des policiers.
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Updated on
20.01.2016