Reporters sans frontières s'inquiète des conditions de détention du directeur de publication du Venin

Reporters sans frontières est très préoccupée par l'aggravation de l'état de santé du directeur de publication de l'hebdomadaire Le Venin, Gaston Bony, incarcéré à la maison d'arrêt d'Agboville, proche d'Abidjan. "Les conditions déplorables de détention et une grève de la faim de cinq jours l'ont considérablement affaibli. Par ailleurs, il affirme recevoir des menaces de mort provenant de l'entourage du maire d'Agboville. En conséquence, nous demandons aux autorités ivoiriennes, non seulement de mettre fin à cette détention éprouvante et totalement injustifiée, mais aussi de garantir la sécurité du journaliste face aux intimidations, si celles-ci sont avérées", a déclaré l'organisation. Gaston Bony, également animateur de la radio de proximité La voix de l'Agnéby, est emprisonné depuis le 31 mars 2004. Il a été condamné à six mois de prison et 500 000 francs CFA (environ 760 euros) d'amende pour diffamation, suite à la parution d'un article intitulé "Le maire d'Agboville, M. Tetchi Chiedou Claude, détourne trois millions de la subvention de la radio pour payer les services occultes d'un ami". Cette condamnation d'un journaliste à une peine de prison ferme a constitué une première depuis l'accession de Laurent Gbagbo à la présidence en 2000, alors même que le chef de l'Etat avait alors clairement affirmé qu'il n'y aurait plus d'emprisonnement en Côte d'Ivoire pour délit d'opinion. Depuis, Gaston Bony purge sa peine dans des conditions très difficiles, partageant notamment sa petite cellule avec quatre autres détenus. Révolté par la sentence rendue à son encontre par le tribunal, l'homme de presse a débuté, en signe de protestation, une grève de la faim, qui n'a eu pour effet que d'aggraver son état de santé, devenu très alarmant. A l'heure actuelle, Il se déplace difficilement à l'aide d'une canne. Sa famille et son entourage, extrêmement inquiets, viennent régulièrement prendre de ses nouvelles. Par ailleurs, il fait état de menaces sérieuses adressées à son encontre par le maire d'Agboville, Tetchi Chiedou Claude, cible principale de l'article incriminé du Venin. "Le maire et ses proches me menacent en disant ceci : nous t'aurons coûte que coûte à moins que tu ne sois plus en Côte d'Ivoire. Que ce soit à Agboville ou dans une autre localité du pays, on t'aura", a confié le journaliste, qui craint pour sa vie, une fois sa liberté retrouvée.
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Updated on 20.01.2016