Au terme de la mission de monitoring des médias publics en période électorale, effectuée du 24 février au 25 mars 2007, Reporters sans frontières salue les efforts soutenus des médias publics pour respecter les règles d'équité et d'égalité dans le traitement de l'actualité des différents candidats en lice pour l'élection présidentielle.
Au terme de la mission de monitoring des médias publics en période électorale, effectuée du 24 février au 25 mars 2007, Reporters sans frontières salue les efforts soutenus des médias publics pour respecter les règles d'équité et d'égalité dans le traitement de l'actualité des différents candidats en lice pour l'élection présidentielle. Un défi relevé grâce aux travaux de l'organe de régulation et des directions de la radio, de la télévision, de la presse écrite et de l'agence de presse.
Un premier tour satisfaisant, grâce à des ajustements
Les directives du nouvel organe de régulation des médias, la Haute Autorité de la presse et de l'audiovisuel (HAPA), concernant l'attribution d'espaces dédiés pour chacun des candidats ("tranches gratuites"), ont été rigoureusement respectées par l'ensemble des médias publics.
En dehors de ces programmes de publicité électorale, un léger déséquilibre bénéficiant aux candidats "favoris" a été constaté au cours de la première semaine de campagne, du 24 février au 2 mars. Des corrections ont été apportées lors de la deuxième semaine de campagne par les directions de la radio et de la télévision (qui avaient accordé un temps d'antenne légèrement supérieur à Ould Cheikh Abdellahi et Messoud Ould Boulkheir), des quotidiens Horizons et Chaab, et de l'Agence mauritanienne d'information (AMI) (qui avait évoqué Ould Daddah dans 14% de ses dépêches, contre 11% pour Ould Cheikh Abdellahi et environ 8% pour les autres candidats). Les activités de certains "petits" candidats étant moins nombreuses, la distribution du temps d'antenne leur avait été défavorable. Les médias publics ont donc choisi de diminuer l'espace occupé par les candidats les plus importants, permettant de retrouver un certain équilibre et d'offrir un temps d'antenne raisonnable à tous ceux qui en avaient été privés.
Le bilan de l'audiovisuel public, pour le premier tour, est donc relativement satisfaisant. Entre le 24 février et le 10 mars, en dehors des "tranches gratuites", les temps d'antenne des différents candidats ont certes connu des différences, mais sans que ces écarts soient significatifs. Au total, la Télévision de Mauritanie (TVM) a ainsi attribué 1 heure 13 minutes 47 secondes au candidat Zein Ould Zeidane, suivi d'Ould Cheikh Abdellahi (1 h 13 min. 13 sec.), Saleh Ould Mohamedou Ould Hanana (1 h 09 min. 14 sec.), Messoud Ould Boulkheir (1 h 05 min. 34 sec.), Mohamed Khouna Ould Haidalla (59 min. 49 sec.), Mohamed Ould Maouloud (58 min. 52 sec.) et Ahmed Ould Daddah (45 min. 40). Tous les candidats, à l'exception de Mohamed Ould Ghoulam Ould Sidati, ont bénéficié d'un temps d'antenne à la TVM.
A la radio, le candidat Ould Cheikh Abdellahi a bénéficié du temps d'antenne le plus important, hors "tranches gratuites" (54 min. 28 sec.), suivi de Ould Zeidane (48 min. 55 sec.), Moulaye El Hacen Ould Jeyid (44 min. 28 sec.) et Ould Daddah (43 min. 7 sec.). Chacun des candidats a donc bénéficié, au terme de la campagne officielle pour le premier tour, d'au moins 11 minutes 44 secondes de temps d'antenne sur les ondes de Radio Mauritanie.
La presse écrite, quant à elle, s'est efforcée de limiter les écarts dans sa couverture des activités des différents candidats. Au cours de la campagne pour le premier tour, le quotidien en français, Horizons, et celui en arabe, Chaab, ont consacré 12% de leur surface rédactionnelle au candidat Ould Daddah. Il a été suivi de Ould Hanana, qui a bénéficié de 10%, et Ould Cheikh Abdellahi, avec 9%. Ould Daddah a également bénéficié du plus grand nombre d'évocations dans les dépêches de l'AMI, avec 29 occurences, suivi de près toutefois par Ould Cheikh Abellahi (26).
Un deuxième tour relativement équilibré, malgré une alerte
Des efforts réels ont été entrepris pour corriger la situation qui a prévalu lors de la première semaine de l'entre-deux tours, au cours de laquelle un avantage certain a été accordé à Ould Cheikh Abdellahi. Le code électoral mauritanien ne prévoyant pas de campagne officielle entre les deux tours de l'élection, la HAPA, en concertation avec la TVM et la Radio de Mauritanie, a pris l'initiative d'attribuer deux minutes pour chaque annonce de ralliement des candidats du premier tour. Dans les premiers jours, les annonces de ralliement étant en majorité en faveur d'Ould Cheikh Abdellahi, le temps d'antenne de ce dernier s'est révélé nettement supérieur à celui de son rival Ould Daddah. Prenant acte de ce déséquilibre, le 19 mars, la HAPA a rappelé par écrit aux médias publics l'importance de respecter la règle de l'égalité dans leur couverture de l'actualité électorale.
Entre le 16 et le 25 mars, date du scrutin, un net effort a donc été fourni pour rééquilibrer la situation, en s'appuyant notamment sur une augmentation des ralliements en faveur de Ould Daddah. C'est ainsi que, à partir du 16 mars jusqu'à la clôture du scrutin, la TVM est parvenue à attribuer un temps d'antenne quasiment égal aux candidats en lice (30 min. 37 sec. pour Ould Daddah et 29 min. 43 sec. pour Ould Cheikh Abdellahi). Durant la même période, la Radio de Mauritanie a, pour sa part, tenté de compenser les déséquilibres du début de l'entre-deux tours en attribuant un temps d'antenne supérieur à Ould Daddah (19 min. 20 sec., contre 06 min. 51 sec. pour Ould Cheikh Abdellahi). Enfin, les deux candidats en lice pour le deuxième tour ont participé, le 22 mars, à un face-à-face, diffusé en direct par la TVM et simultanément à la radio, durant lequel les temps de parole des candidats ont été minutieusement décomptés par la HAPA. L'égalité a été scrupuleusement respectée.
Sans tenir compte de ce face-à-face radiotélévisé, la TVM a donc attribué un total de 46 minutes 40 secondes à Ould Cheikh Abdellahi et 30 minutes 53 secondes à Ould Daddah lors de l'entre-deux tours. Pour la même période, la Radio de Mauritanie a consacré 27 minutes 26 secondes à Ould Cheikh Abdellahi contre 22 minutes 10 secondes pour Ould Daddah.
Au cours de la même période, les quotidiens Horizons et Chaab ont, de leur côté, attribué une surface rédactionnelle de 58% à Ould Cheikh Abdellahi contre 41% pour Ould Daddah. L'AMI s'est distinguée en évoquant les deux candidats de façon strictement égale entre le 13 et le 25 mars (14 évocations).
Conclusion
Le respect des règles d'équité et d'égalité en période électorale est un exercice complexe, qui a été relativement bien observé par les médias publics mauritaniens. Au-delà des déséquilibres dans les chiffres, qui ne sont pas spectaculaires, Reporters sans frontières tient à saluer la disponibilité et les efforts de la direction des médias publics dans une période historique si sensible, et se félicite du pragmatisme et de l'esprit constructif de la HAPA. L'organisation, qui se déclare satisfaite du déroulement de la campagne dans l'ensemble des médias publics, salue le travail des journalistes de la radio, de la télévision, de la presse écrite et de l'agence de presse, ainsi que de leur direction, pour avoir relevé le défi d'offrir aux Mauritaniens une information équilibrée et neutre, lors d'un scrutin historique.
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Mission. Reporters sans frontières a mené, du 24 février 2007 jusqu'à la clôture du scrutin présidentiel, une mission de monitoring de la couverture de l'actualité électorale par les médias publics - la Télévision de Mauritanie, la Radio de Mauritanie, les quotidiens Horizons et Chaab, ainsi que le fil de l'Agence Mauritanienne d'Information. Les médias publics ont été choisis parce qu'ils sont soumis à la réglementation du code électoral, garantissant l'égalité d'accès de toutes les forces politiques en lice. En tant que service public financé par l'Etat, ils ont un devoir d'exemplarité en période électorale.
Méthodologie. Reporters sans frontières calcule le temps d'antenne et le temps de parole accordés aux candidats dans tous les programmes d'information de la télévision et de la radio de Mauritanie. De plus, l'organisation mesure la surface rédactionnelle en cm2 attribuée aux candidats dans les quotidiens Horizons et Chaab, ainsi que le nombre d'évocations des candidats dans les dépêches de l'AMI. Temps d'antenne : comprend le temps de parole et tous les éléments éditoriaux consacrés à un candidat (reprise de propos, reportage ou commentaires sur un candidat, présentation en plateau par un journaliste, etc.). Temps de parole : toute intervention directe d'un candidat ou de ses soutiens.
Cette mission a été réalisée avec l'appui financier de l'Union européenne et de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).