Reporters sans frontières salue la libération du directeur de Portal AZ mais maintient sa demande d'abrogation de la loi de 1967

Reporters sans frontières se félicite de la libération, dans la nuit du 28 octobre, de José de Arimatéia Azevedo (photo), directeur et éditorialiste du site Portal AZ, arrêté quarante-huit heures auparavant à titre préventif pour « injure et diffamation » et « pression sur le cours d'une procédure ». L'organisation maintient sa demande d'abrogation de la loi de 1967 sur les délits de presse.

Reporters sans frontières se réjouit de la libération, dans la nuit du 28 octobre 2005, de José de Arimatéia Azevedo, directeur et éditorialiste du site Portal AZ à Teresina (Etat de Piauí, Nord-Est), arrêté quarante-huit heures auparavant à titre préventif sur ordre d'un juge local pour « injure et diffamation » et « pression sur le cours d'une procédure ». L'organisation maintient tout de même sa demande d'abrogation de la loi de 1967 sur les délits de presse, qui a rendu possible cette arrestation. « La justice de l'Etat de Piauí a accordé l'habeas corpus à José de Arimatéia Azevedo. Cette décision signe une victoire pour la liberté de la presse et plus généralement pour les libertés publiques. Elle contredit la loi fédérale de 1967 qui prévoit des peines d'emprisonnement pour des délits de presse. Bien que très rarement utilisé, cet héritage du régime militaire (1964-1985) a motivé, en l'occurrence, une arrestation abusive. Nous espérons que le cas de José de Arimatéia Azevedo inspirera le parlement fédéral brésilien pour qu'il abroge cette législation liberticide », a déclaré Reporters sans frontières. Dans la nuit du 28 octobre 2005, Edson Vigidal, président du tribunal supérieur de justice de l'Etat de Piauí, a désavoué son collègue de la 6e chambre criminelle de Teresina, José Bonifácio Júnior, qui avait fait interpeller le journaliste. Dans son arrêt, le haut magistrat a rappelé que « dans un Etat de droit démocratique, la liberté est la règle et la restriction de liberté, l'exception, et qu'elle doit être absolument exceptionnelle ». Edson Vigidal a par ailleurs souligné qu'en matière de détention préventive « il est indispensable que soit démontré, à travers des éléments objectifs, que la liberté du prévenu pourrait porter gravement atteinte à la paix sociale, à une instruction criminelle ou à l'application d'une norme répressive ». Le magistrat a conclu : « Arrêter un journaliste ; censurer des rédactions, saisir des journaux, des livres, des revues ; priver de diffusion des radios, des télévisions ou des portails Internet, ne constitue rien d'autre qu'une violation du droit de la société à l'information. La société a le droit d'être bien informée. Si cette information n'est pas de bonne qualité, c'est à la société de la rejeter, de la récuser, de la condamner. » ___________________________________________________________ 28.10.05 - Arrestation d'un directeur de site Internet : Reporters sans frontières demande l'abrogation de la loi de 1967
Reporters sans frontières proteste contre l'arrestation abusive, le 26 octobre 2005 à Teresina (capitale de l'Etat de Piauí, Nord-Est), de José de Arimatéia Azevedo, directeur et éditorialiste du site Internet Portal AZ (www.portalaz.com.br), dont le juge a ordonné la fermeture. L'organisation demande l'abrogation de la loi de 1967 sur les délits de presse, qui a permis cette arrestation. « José de Arimatéia Azevedo a été arrêté à titre préventif alors que, selon ses avocats, il n'avait aucune intention de fuir ou de se dérober à une éventuelle convocation au tribunal. Surtout, cette procédure a été engagée au nom de la loi de 1967 sur les délits de presse. Le législateur brésilien s'honorerait en abrogeant cet héritage de la dictature militaire (1964-1985), qui donne toujours le droit à un juge d'emprisonner un journaliste pour ses propos ou ses écrits », a déclaré Reporters sans frontières. Le 26 octobre à 11 h 45, des membres de la police de l'Etat de Piauí ont effectué une descente dans les locaux du site Internet Portal AZ à Teresina et ont interpellé son rédacteur en chef et éditorialiste José de Arimatéia Azevedo. Un mandat d'incarcération préventive, dont Reporters sans frontières a reçu copie, avait été délivré le jour même par le juge José Bonifácio Júnior, qui a par ailleurs ordonné la fermeture de Portal AZ. En faisant arrêter José de Arimatéia Azevedo, le magistrat a accédé à la requête d'une avocate, Audrey Magalhães, cible d'un éditorial du journaliste. Journaliste volontiers polémique, longtemps spécialisé dans les enquêtes sur le crime organisé et éditorialiste sous le pseudonyme de Xico Pitomba, José de Arimatéia Azevedo avait publié en ligne un article mettant en cause Antonio Rivanildo Feitosa da Silva, de la chaîne régionale Meio Norte, pour laquelle il avait autrefois travaillé. Ce dernier a porté plainte pour « injure et diffamation ». Le 6 octobre, le directeur de Portal AZ a contre-attaqué dans une tribune en s'en prenant à Audrey Magalhães, avocate de Meio Norte, et à son client. Audrey Magalhães a alors demandé au juge que José de Arimatéia Azevedo soit arrêté, pour « injure et calomnie » et pour « pression sur le cours d'une procédure ». Dans son mandat d'arrêt, le magistrat a considéré comme obscènes et machistes les propos tenus par le directeur de Portal AZ et s'est référé à la loi de 1967 sur les délits de presse pour ordonner son incarcération. Sujet à des problèmes cardiaques, José de Arimatéia Azevedo est détenu dans les locaux du secrétariat à la Sécurité publique de l'Etat de Piauí à Teresina. Ses avocats ont réclamé qu'il bénéficie de l'Habeas Corpus. Interrogé par le quotidien en ligne O Dia, le journaliste rappelle que dans l'affaire de diffamation qui l'opposait à son collègue de Meio Norte, une audience de conciliation devait avoir lieu le 8 novembre et comprend d'autant moins son arrestation. Les autorités judiciaires locales devraient statuer sur son sort en début de semaine. Le 27 octobre, le secrétaire d'Etat Roberto Ríos Magalhães a qualifié d' « illégal » l'ordre de fermeture de Portal AZ. Le site est toujours accessible. La Fédération nationale des journalistes (Fenaj), basée à Brasilia, a qualifié cette détention préventive d' « attentatoire à la liberté de la presse, à la Constitution brésilienne et à la démocratie ».
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Updated on 20.01.2016