Reporters sans frontières est très préoccupée par la disparition de deux journalistes de la chaîne de télévision roumaine Prima TV et d'un troisième du quotidien privé Romania Libera, le 28 mars 2005, alors qu'ils étaient en reportage en Irak. L'organisation appelle les autorités roumaines, européennes, américaines et irakiennes, à tout mettre en œuvre afin de les retrouver au plus vite.
Reporters sans frontières est extrêmement préoccupée par la disparition, le 28 mars 2005, de trois journalistes roumains dans la banlieue de Bagdad.
"Nous sommes très inquiets. Les informations concernant des disparitions ou des enlèvements en Irak sont à prendre très au sérieux. L'expérience a montré que tous les journalistes, quelle que soit leur nationalité, pouvaient être visés dans ce genre de situation. Suite à un tel événement, la mobilisation est capitale dès les premiers jours, a déclaré Reporters sans frontières. Aussi, nous appelons d'ores et déjà les autorités roumaines, européennes, américaines et irakiennes, à tout mettre en œuvre afin de retrouver ces journalistes au plus vite."
L'organisation rappelle qu'au moins dix-sept journalistes ont été enlevés en Irak depuis le début du conflit, en mars 2003. Florence Aubenas, du quotidien français Libération, ainsi que son guide et interprète Hussein Hanoun, sont détenus depuis 83 jours.
Marie-Jeanne Ion, Sorin Dumitru Miscoci, respectivement journaliste et cameraman de la chaîne de télévision roumaine Prima TV, ainsi que Eduard Ovidiu Ohanesian, du quotidien privé Romania Libera ont été vraisemblablement enlevés le 28 mars 2005, alors qu'ils étaient en reportage en Irak depuis cinq jours. On est également sans nouvelles de leur guide irakien, un homme d'affaires travaillant en Roumanie.
Selon Prima TV, au moment de l'enlèvement, en début de soirée, Marie-Jeanne Ion a réussi à appeler les responsables de la chaîne. Lors de son appel, ses interlocuteurs ont compris qu'"elle essayait d'expliquer aux ravisseurs qu'il était inutile d'agir de la sorte car ils n'étaient que des journalistes roumains et ne possédaient pas d'argent pour une éventuelle rançon. Le dialogue entre l'équipe de Prima TV et les rebelles se tenait à la fois en anglais et en arabe", a expliqué la chaîne dans un communiqué. "Marie-Jeanne a aussi essayé de nous faire comprendre en roumain qu'ils avaient été kidnappés et que nous devions immédiatement prévenir l'ambassade de Roumanie à Bagdad. Nous avons aussi réussi à comprendre qu'ils étaient dans une voiture qui se dirigeait vers Al-Amiryah". L'agence de presse indépendante Mediafax a rapporté que la journaliste avait envoyé un SMS quelques minutes après cet appel, dans lequel était écrit : "Nous avons été enlevés. Ce n'est pas une blague. Aidez-nous."
Le ministre roumain des Affaires étrangères, Mihai-Razvan Ungureanu, a annoncé qu'il analysait les "informations portant sur la possible disparition" des trois journalistes en Irak. Le Premier ministre roumain, Calin Popescu Tariceanu, a affirmé que "les trois journalistes ont été portés disparus dans une zone connue plutôt pour des actions crapuleuses que pour des enlèvements", sans préciser de quelle région il s'agissait. Des représentants de la présidence roumaine, du ministère des Affaires étrangères et les services secrets ont immédiatement constitué une cellule de crise, qui n'attend rien de nouveau pour les prochaines heures. Aucune demande de rançon n'est encore parvenue aux autorités.
Au moment de l'enlèvement, les trois journalistes venaient de quitter les membres de l'ambassade roumaine. Ils avaient notamment interviewé le Premier ministre Iyad Allaoui et devaient encore rencontrer le président Ghazi al-Yaouar. Leur disparition intervient après la visite, le 27 mars, du président roumain Traian Basescu à ses militaires déployés au sein de la force multinationale. Le chef de l'Etat avait indiqué que la Roumanie n'envisageait pas de "réduire ses troupes et continuerait à participer aux missions portant sur la reconstruction et la stabilisation de l'Irak". De retour à Bucarest, il a déclaré : "Toutes les structures de l'Etat ont été alertées et sont déterminées à résoudre ce problème" et ajouté que les services secrets des pays alliés avaient été informés de ces disparitions.