Reporters sans frontières est exaspérée par l'incapacité des Nations unies à régler le problème des journalistes taïwanais qui veulent couvrir l'Assemblée mondiale de la Santé à Genève. Cette année encore, leurs demandes d'accréditation ont été refusées pour le simple fait qu'ils sont taïwanais. "Les Nations unies continuent à s'abriter derrière une réglementation qui interdit d'accréditer un journaliste d'un Etat non reconnu par cette organisation", a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières est exaspérée par l'incapacité des Nations unies à régler le problème des journalistes taïwanais qui veulent couvrir l'Assemblée mondiale de la Santé à Genève. Cette année encore, leurs demandes d'accréditation ont été refusées pour le simple fait qu'ils sont taïwanais.
"Il est inconcevable qu'au moment où le nouveau président taïwanais, Ma Ying-jeou, prend officiellement ses fonctions, les Nations unies continuent à s'abriter derrière une réglementation qui interdit d'accréditer un journaliste d'un Etat non reconnu par cette organisation, empêchant ainsi les journalistes taïwanais de couvrir l'Assemblée mondiale de la Santé. De fait, l'ONU conforte la politique de Pékin qui profite de son influence en tant que membre permanent du Conseil de sécurité pour exclure Taïwan des instances internationales, au détriment de la Déclaration universelle des droits de l'homme dont l'article 19 garantit la liberté de la presse et la libre circulation de l'information", a affirmé l'organisation.
"Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Margaret Chan, a rappelé à juste titre, lors de l'ouverture de l'Assemblée, le 19 mai 2008, que : 'La santé est un fondement de la prospérité et elle contribue à la stabilité : ce sont là des atouts pour tous les pays.' Sauf pour Taïwan, serait-on tenté d'ajouter. Alors que Margaret Chan revendique 'un équilibre en matière de santé' au niveau mondial, nous réclamons un équilibre en matière d'accès à l'information", a déclaré Reporters sans frontières.
Pour la cinquième année consécutive, les Nations unies et l'OMS ont rejeté les demandes d'accréditation des journalistes taïwanais qui souhaitaient couvrir l'Assemblée mondiale de la Santé à Genève. Le correspondant local de l'agence Central News Agency, Ying-chen Jou, et la correspondante à Bruxelles de la chaîne Macro TV, Ingrid Hui-ying Huang, ont essuyé un refus à leur demande d'accréditation, déposée fin avril. Le journaliste de Radio Taiwan International, Frank Kuo-hwa Tseng, a décidé pour sa part de se rendre à Genève sans avoir fait de demande d'accréditation, bien que n'ayant aucune possibilité de couvrir l'Assemblée.
La direction de l'OMS a déjà expliqué par le passé que les refus d'accréditation sont le fait du Département de l'information publique des Nations unies, qui impose aux demandeurs de présenter "un passeport en cours de validité d'un Etat reconnu par l'Assemblée générale des Nations unies" et de "travailler pour un média enregistré officiellement dans un pays reconnu par l'Assemblée générale".
Depuis l'abandon de son siège onusien en 1971 au profit de la seule République populaire de Chine, Taïwan ne parvient pas à se faire admettre à l'ONU et à ses différentes agences, que ce soit en tant qu'entité indépendante ou même avec un simple statut d'observateur semblable à celui dont bénéficie l'Autorité palestinienne. Depuis 2004, ses journalistes ne sont plus autorisés à couvrir l'Assemblée de l'OMS sous la pression de Pékin. La presse taïwanaise se voit de facto privée d'informations indépendantes concernant les grandes questions de santé publique qui seront débattues ces prochains jours : les conséquences sanitaires du changement climatique, le renchérissement des denrées alimentaires au niveau mondial et la lutte contre les maladies pandémiques comme la grippe.
L'Association des journalistes de Taïwan (ATJ) a condamné le refus de l'ONU et de l'OMS d'accorder des accréditations à ses membres, en appelant la communauté internationale à se joindre à ses protestations pour que soit "accordé aux journalistes taïwanais le même droit à l'information qu'aux autres".
En signe de soutien, l'Association des correspondants auprès des Nations unies (ACANU) a adopté une résolution, dans laquelle elle demande au secrétaire général Ban Ki-moon de "revoir la politique actuelle" de l'ONU pour "la rendre conforme à l'esprit et à la lettre" de la Charte et de la Déclaration universelle des droits de l'homme.