Reporters sans frontières réagit aux déclarations du chef de l'autorité judiciaire

Reporters sans frontières salue les instructions du chef du pouvoir judiciaire, Mahmoud Hachemi Chahroudi, qui visent à l'application de la loi, et notamment à l'arrêt des pratiques illégales dans les prisons et les tribunaux de la République islamique. Prenant acte de cet engagement, l'organisation demande aux autorités de libérer les 12 journalistes incarcérés illégalement et de les dédommager pour leur emprisonnement et les violences dont ils ont été victimes.

Reporters sans frontières salue les instructions du chef du pouvoir judiciaire, Mahmoud Hachemi Chahroudi, qui visent à l'application de la loi, et notamment à l'arrêt des pratiques illégales dans les prisons et les tribunaux de la République islamique. Prenant acte de cet engagement, l'organisation demande aux autorités de libérer les 12 journalistes incarcérés illégalement et de les dédommager pour leur emprisonnement et les violences dont ils ont été victimes. Le 28 avril, la presse iranienne a publié les instructions de Mahmoud Hachemi Chahroudi adressées à la justice, à la police, et aux forces de sécurité, leur demandant de respecter la loi : " Au cours de l'arrestation ou de l'interrogatoire, il ne faut pas bander les yeux, entraver les membres, ni humilier l'accusé (…). Les agents chargés des interrogatoires ne doivent pas dissimuler leur visage, ni se placer dans le dos des accusés, ni les emmener en des lieux inconnus (…). Toute forme de torture visant à obtenir des aveux est à proscrire (…)." Le texte ajoute que les arrestations et les enquêtes " doivent être menées en application d'une décision de justice ", " les avocats doivent être présents lors des procès " et les " emprisonnements inutiles " doivent être évités. Face à ces déclarations, véritable reconnaissance officielle d'une violation systématique du droit et de la pratique généralisée de la torture, Reporters sans frontières demande la libération des journalistes emprisonnés dans l'illégalité : - Reza Alijani, rédacteur en chef de Iran-e-Farda et lauréat du prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2001 est emprisonné depuis le 14 juin 2003 ainsi que Hoda Saber, directeur de Iran-e-Farda et Taghi Rahmani, journaliste à Omid-e-Zangan. Détenus en cellule d'isolement, sans aucun motif, ces trois journalistes sont privés de leur identité depuis près de 11 mois. Leurs avocats n'ont pas encore eu accès aux dossiers. - Ensafali Hedayat, journaliste indépendant, emprisonné le 16 janvier 2004, a été condamné en avril à 18 mois de prison. Ce journaliste, qui a fait appel de cette décision et versé la caution demandée, aurait donc dû être libéré au moins jusqu'au verdict de la cour d'appel. - Siamak Pourzand, journaliste indépendant, condamné à huit ans de prison, est en détention depuis novembre 2 000. Agé de 74 ans, il a subi de fortes pressions psychologiques et des séances de torture lors d'interrogatoires. Maintenu des mois en isolement, Siamak Pourzand est à présent hospitalisé. - Ali-Reza Jabari, journaliste au mensuel Adineh, emprisonné depuis le 17 mars 2003, a été condamné à trois ans de prison et 253 coups de fouet. Arrêté pour avoir enfreint le contrôle des mœurs, il semble que ses relations avec l'Association des écrivains iraniens et sa liberté de parole soient à l'origine de son arrestation. A plus de 60 ans, Ali-Reza Jabari, cardiaque, est détenu avec des prisonniers de droit commun. Il subit des traitements encore plus sévères depuis la publication sur un site Internet d'une lettre racontant ses conditions de détention. - Hassan Youssefi Echkevari, théologien et journaliste à Iran-e-Farda est emprisonné depuis le 5 août 2000. Il a été condamné à sept ans de prison, sans avoir pu assister à son propre procès. Diabétique, insulino-dépendant, et victime d'une hémorragie aux yeux, il nécessite des soins intensifs. - Akbar Ganji, journaliste au quotidien Sobh-e-Emouz, condamné à six ans de prison, est détenu depuis le 22 avril 2000. Le 13 janvier 2001, il est condamné à 10 ans de prison. En mai, sa peine est ramenée en appel à six mois. Mais le 15 juillet 2001, la Cour suprême revient sur ce verdict et le condamne à six ans de prison. - Iraj Jamshidi, rédacteur en chef du quotidien économique Asia, emprisonné depuis le 6 juillet 2003 et maintenu des mois en isolement, n'a toujours pas été jugé. - Abbas Abdi, journaliste du quotidien Salam, détenu depuis le 4 novembre 2002, a été condamné à quatre ans et demi de prison tout comme Hossein Ghazian, du quotidien Norouz, incarcéré depuis le 31 octobre 2002. Une partie des chefs d'accusation de ces deux journalistes a été annulée par une décision de la Cour suprême en avril 2003, mais celle-ci ne s'est pas prononcée sur le reste des charges qui pèsent à leur encontre. - Mostafa Sabti, directeur de l'hebdomadaire Gorgan-e Emrouz, arrêté le 19 mars 2004, doit purger une peine de trois mois de prison pour diffamation, ce qui devrait entrer dans la catégorie des " peines inutiles " mentionnées par Mahmoud Hachemi Chahroudi. Les déclarations du chef du pouvoir judiciaire reprennent les recommandations adressées dans leur rapport de mission 2003 par Louis Joinet, président du groupe de travail sur la détention arbitraire, et par Ambeyi Ligabo, rapporteur spécial des Nations unies sur la liberté d'expression et d'opinion. Les pressions internationales ont incontestablement joué dans cet étonnant revirement de la République islamique. Reste maintenant à appliquer ces recommandations.
Publié le
Updated on 20.01.2016