Reporters sans frontières qualifie de « honteux » le refus par Téhéran d'autoriser des observateurs étrangers au procès des meurtriers présumés de Zahra Kazemi
Reporters sans frontières demande à Téhéran de revenir sur sa décision de ne pas autoriser des diplomates canadiens à assister, le 17 juillet à Téhéran, à la reprise du procès des meurtriers présumés de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi, mortellement battue pendant sa détention en juillet 2003.
Reporters sans frontières demande à Téhéran de revenir sur sa décision de ne pas autoriser des diplomates canadiens à assister, le 17 juillet à Téhéran, à la reprise du procès des meurtriers présumés de la photographe irano-canadienne Zahra Kazemi, mortellement battue pendant sa détention en juillet 2003.
« Nous demandons instamment aux autorités iraniennes de tenir parole et de garantir l'accès aux observateurs étrangers à toutes les audiences du procès, notamment les diplomates canadiens ainsi que les représentants de la section canadienne de Reporters sans frontières, dont la demande de visa est toujours sans réponse.», a déclaré l'organisation, avant de poursuivre : « Le refus obstiné du gouvernement iranien de faire preuve de transparence, alors que Zahra Kazemi est morte entre les mains des autorités, est proprement honteux. Cette décision, si elle se confirmait, présagerait très mal de l'équité et du sérieux de la justice iranienne dans ce dossier ».
Reporters sans frontières se félicite, par ailleurs, des déclarations du ministre canadien des Affaires étrangères, Bill Graham, selon lesquelles le Canada va « continuer de faire des pressions (…) dans cette affaire qui est très importante pour le Canada, pour les Canadiens et pour le sort des journalistes dans le monde ». L'organisation demande au gouvernement canadien, qui vient de rappeler en signe de protestation son ambassadeur à Téhéran, Philip MacKinnon, de maintenir une grande fermeté vis-à-vis du gouvernement de Téhéran et d'envisager d'éventuelles sanctions.
Les autorités iraniennes ont rejeté, le 14 juillet, la demande d'Ottawa d'accepter la présence d'observateurs canadiens à la réouverture du procès des meurtriers présumés de Zahra Kazemi, prévue le 17 juillet à Téhéran.
Répliquant au ministre des Affaires étrangères canadien, Bill Graham, qui a accusé la veille Téhéran d'être revenue sur sa promesse, le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Asséfi, a insisté sur le fait qu'il s'agissait d'une "affaire interne".
"Nous nous attendons à ce que justice soit rendue d'une manière crédible et transparente et nous considérerons le déroulement de ce procès comme un signe de la profondeur de l'engagement du gouvernement iranien en faveur des droits de l'Homme", avait écrit le ministre canadien des Affaires étrangères dans une lettre aux autorités iraniennes.
L'affaire Zahra Kazemi, photographe irano-canadienne résidant à Montréal, morte à l'âge de 54 ans, a considérablement détérioré les relations entre l'Iran et le Canada. En juillet 2003, exaspéré par le refus des autorités iraniennes de laisser rapatrier le corps de la journaliste au Canada, Ottawa avait une première fois rappelé son ambassadeur à Téhéran.
Le prix Nobel de la paix, l'avocate Shirin Ebadi, et trois de ses collègues seront présents pour la première fois au procès pour représenter la mère de Zahra Kazemi.
Mohammad Ali Dadkhah, l'un des avocats de la famille de Zahra Kazemi et porte-parole du cercle des défenseurs des droits de l'Homme dirigé par Mme Ebadi, a affirmé que le tribunal criminel de Téhéran "n'était pas compétent" pour juger cette affaire. Dernièrement, il a fait savoir qu'une seconde personne avait été inculpée dans cette affaire. Il s'agirait de Mohammad Bakhshi, fonctionnaire de la prison d'Evine et déjà accusé par le site officiel www.rouydad.info du Front de participation (parti du président Khatami), d'avoir participé au meurtre de Zahra Kazemi en tant qu'assistant du juge Mortazavi.
La justice iranienne a jusqu'ici écarté toute responsabilité des institutions étatiques. Au terme d'une lutte entre le clan des réformateurs et celui des conservateurs, qui s'accusent mutuellement de la mort de la journaliste, un agent du service des renseignements iraniens, Mohammad Reza Aghdam Ahmadi, a été désigné, le 22 septembre 2003, comme le meurtrier présumé.
Rappel des faits :
Zahra Kazemi, avait été interpellée le 23 juin 2003 alors qu'elle photographiait des familles de détenus devant la prison d'Evin, au nord de Téhéran. Battue au cours de sa détention, elle est décédée des suites de ses blessures le 10 juillet. Après avoir tenté de dissimuler les causes de sa mort, les autorités iraniennes ont reconnu, le 16 juillet 2003, qu'elle avait été "battue".
Le corps de Zahra Kazemi a été inhumé dans la précipitation, à Chiraz (sud du pays), le 22 juillet 2003, contre la volonté de son fils, Stéphan Hachemi, de nationalité franco-canadienne et résident permanent au Canada. La mère de la journaliste a reconnu publiquement avoir été victime de pressions pour autoriser l'enterrement en Iran. Depuis, les demandes d'exhumation et de rapatriement du corps au Canada sont restées vaines.