Reporters sans frontières interpelle le ministre de la Justice sur la situation du journaliste Abderrahmane El Badraoui

Reporters sans frontières a écrit au ministre marocain de la Justice afin de lui faire part de sa vive préoccupation concernant la situation du journaliste Abderrahmane El Badraoui, emprisonné depuis janvier 2002. Le 26 octobre 2005, ce dernier a, en effet, été tabassé par un gardien de prison. L'organisation a rappelé au ministre « qu'il est de son devoir de garantir l'intégrité physique du journaliste » et réitéré sa demande de libération immédiate et inconditionnelle.

Reporters sans frontières a écrit au ministre marocain de la Justice afin de lui faire part de sa vive préoccupation concernant la situation du journaliste Abderrahmane El Badraoui, emprisonné depuis janvier 2002. Le 26 octobre 2005, ce dernier a, en effet, été tabassé par un gardien de prison. L'organisation a rappelé au ministre « qu'il est de son devoir de garantir l'intégrité physique du journaliste » et réitéré sa demande de libération immédiate et inconditionnelle. A l'attention de Mohamed Bouzoubaâ
Ministre de la Justice
Place el mamounia
Rabat
Maroc Paris, le 1er novembre 2005 Monsieur le Ministre, Reporters sans frontières souhaite attirer votre attention sur la situation d'Abderrahmane El Badraoui, ancien directeur de l'hebdomadaire Al-Moulahid Assiyassi, emprisonné depuis janvier 2002 au Maroc. Ce journaliste a été transféré, le 5 octobre 2005, à la prison de Mohammedia, située à 150 kilomètres de son domicile. Depuis, Abderrahmane El Badraoui, qui est un prisonnier d'opinion, partage, d'après ses dires, une cellule de 40m2 avec 41 détenus de droit commun Le 26 octobre, Abderrahmane El Badraoui a été agressé par un gardien, Mustafa Dindla, qui avait pris l'habitude de le racketter. Après s'être plaint des agissements de ce dernier auprès du directeur adjoint, le journaliste a été passé à tabac par le gardien et deux autres détenus qui l'ont frappé avec des clés et roué de coups. Bien qu'il ait été conduit à l'infirmerie, le journaliste n'a pu bénéficier d'aucun soin. Une enquête a été menée par deux inspecteurs de la direction pénitentiaire et le gardien incriminé a été suspendu. Cette décision est encourageante mais nous vous rappelons qu'il est de votre devoir de garantir l'intégrité physique d'Abderrahmane El Badraoui. Fin 2001, Abderrahmane El Badraoui avait rédigé un article dénonçant un scandale financier à Kénitra. A cette même époque, le journaliste avait enquêté sur les malversations commises par certains cadres de la police de Témara. Abderrahmane El Badraoui avait été accusé, dès 1998, « d'usurpation de fonction ». Après avoir présenté des documents officiels prouvant qu'il était bel et bien journaliste, les poursuites contre le fondateur de l'hebdomadaire Al-Moulahid Assiyassi avaient cessé. Malgré son acquittement devant la cour d'appel de Rabat, il a été de nouveau inculpé du même motif en janvier 2002. Condamné en première instance à cinq ans de prison ferme, sa peine a été réduite, en appel, à quatre ans. Abderrahmane El Badraoui a été jugé deux fois pour les mêmes motifs. Son incarcération est donc le résultat d'une erreur judiciaire. C'est pourquoi Reporters sans frontières réitère sa demande de libération immédiate et inconditionnelle d'Abderrahmane El Badraoui. Confiant de l'intérêt que vous voudrez bien porter à notre requête, je vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de ma haute considération. Robert Ménard Secrétaire général
Publié le
Updated on 20.01.2016