Reporters sans frontières « extrêmement inquiète » après l'enlèvement de Giuliana Sgrena du quotidien Il Manifesto

L'envoyée spéciale italienne a été enlevée le 4 février, en plein centre de Bagdad, par un groupe d'hommes armés. Elle enquêtait sur la situation des réfugiés de Falloujah. Aucune revendication n'a pour l'instant été formulée. Reporters sans frontières appelle à une mobilisation immédiate et massive en faveur de Giuliana Sgrena.
Versione italiana

Versione italiana Reporters sans frontières exprime sa très grande inquiétude après l'enlèvement de l'envoyée spéciale du quotidien italien Il Manifesto. Giuliana Sgrena, le 4 février 2005, à Bagdad. « Après la disparition de Florence Aubenas et d'Hussein Hanoun, l'enlèvement de Giuliana Sgrena témoigne une nouvelle fois du danger permanent auquel sont confrontés les journalistes en Irak. Nous demandons aux ravisseurs de libérer dans les meilleurs délais cette envoyée spéciale chevronnée d'un quotidien qui a su rapporter la souffrance du peuple irakien depuis l'offensive américaine. La mobilisation en faveur de Giuliana Sgrena doit être immédiate et massive. Il ne faut pas oublier que, dans le cas des deux humanitaires italiennes Simona Torretta et Simona Pari, et des reporters français Christian Chesnot et Georges Malbrunot, cette mobilisation internationale a payé.» L'organisation exprime sa solidarité avec la famille et la rédaction de Giuliana Sgrena. « Nous rappelons que l'Irak reste le pays le plus dangereux du monde pour les journalistes. Au moins 31 journalistes ont été tués et 17 autres enlevés depuis le début du conflit en mars 2003. Pour autant, il est impératif que les médias étrangers continuent de couvrir la situation dans ce pays », a ajouté Reporters sans frontières. Giuliana Sgrena, envoyée spéciale d'Il Manifesto, a été enlevée, vers 14 heures (11 heures GMT) le 4 février, à proximité d'une mosquée sunnite, dans le quartier d'Al-Jadriya, proche de l'université de Bagdad. Elle se rendait en voiture, en compagnie de son interprète, pour interviewer un groupe de réfugiés de Falloujah. Alors qu'elle était en conversation avec un autre confrère italien, un groupe d'hommes armés qui circulaient à bord d'un minibus ont tiré sur son véhicule, l'obligeant à s'arrêter et l'ont fait sortir. Son fixeur, dont l'identité n'a pas été révélée, n'a pas été enlevé et a pu donner l'alerte. Il serait actuellement interrogé par les forces américaines. Giuliana Sgrena a été conduite vers une destination inconnue. Cet enlèvement a été confirmé par le ministre italien des Affaires étrangères et par la police locale. Aucune revendication n'a pour l'instant été formulée. Selon le ministre de l'Intérieur italien, Giuseppe Pisanu, Giuliana Sgrena pourrait avoir été enlevée par un groupe sunnite. "Giuliana nous a appelés il y a un quart d'heure pour dire qu'elle allait bien mais cinq minutes plus tard, son interprète nous a rappelés pour dire qu'elle avait été enlevée à proximité de la mosquée sunnite Al Kastl à Bagdad", a déclaré à l'Agence France-Presse un des deux directeurs du quotidien italien, Gabriele Polo, confirmant l'information donnée quelques instants plus tôt par l'agence italienne Ansa. Giuliana Sgrena, 56 ans, est une spécialiste du Moyen-Orient et du fondamentalisme musulman. Elle a publié plusieurs ouvrages, notamment « l' esclavage du voile » (Manifestolibri, 1995) et « Kahina contre les califes » (Datanews, 1997). Elle a notamment couvert les conflits en Afghanistan, en Somalie et en Algérie, pour Il Manifesto. Plusieurs Italiens ont été enlevés en Irak depuis le début du conflit, dont le reporter Enzo Baldoni de l'hebdomadaire Diario della settimana, assassiné par l'Armée islamique en Irak. Enzo Baldoni avait été enlevé le 19 août 2004 sur la route entre Bagdad et Najaf. Son exécution avait été filmée et revendiquée le 26 août par l'Armée islamique en Irak. Le gouvernement italien avait refusé de céder aux exigences de ce groupe terroriste qui demandait le retrait des troupes italiennes du pays.
Publié le
Updated on 20.01.2016