Reporters sans frontières en appelle aux 27 chefs d’Etat de l’Union européenne

Reporters sans frontières est extrêmement inquiète de l’état actuel de la liberté d’expression en Iran, une semaine après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle. La confirmation, le 19 juin 2009, par le Guide suprême de la Révolution, l’ayatollah Khamenei de la “victoire“ de Mahmoud Ahmadinedjad risque d’aggraver la situation. Reporters sans frontières a adressé, ce jour, une lettre aux 27 présidents et chefs de gouvernement de l’Union européenne, réitérant son appel à ne pas reconnaître la victoire du président sortant. « Si le président Mahmoud Ahmadinejad ne consent pas à respecter la liberté de la presse, il faut lui faire entendre raison. Une contestation claire et nette des résultats électoraux par les chefs d'Etat européens pourrait le contraindre à fléchir. La question stratégique du nucléaire ne doit pas servir d'excuse pour rester silencieux. L'heure n'est plus aux déclarations timides et prudentes », a écrit l’organisation. « L'Union européenne et les Etats membres ne doivent pas faillir dans leur défense de la liberté d'expression. Aucun gouvernement n'accepterait de reconnaître les résultats d'une telle mascarade si elle s'était déroulée sur le Vieux Continent. Ces exigences doivent-elles être revues à la baisse parce qu'il s'agit de l'Iran ? Ce serait un coup de poignard dans le dos des citoyens iraniens qui ont cru que leur bulletin de vote pouvait modifier leur destin. » Suite aux déclarations du Guide suprême le 19 juin 2009, le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a rappelé aux autorités iraniennes leurs obligations au regard du droit international. L’Iran a signé et ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966, qui stipule que “nul ne peut faire l'objet d'une arrestation ou d'une détention arbitraire “ (article 9), que “toute personne a droit à la liberté d'expression“ (article 19), et “le droit de réunion pacifique est reconnu“ (article 21). Au moins dix-huit journalistes ont déjà été arrêtés depuis le 12 juin. Nombreux sont ceux dont nous n’avons plus de nouvelles. Dans le meilleur des cas, certains ont trouvé refuge quelque part, en attendant des jours meilleurs. Au pire, ils sont déjà sous les verrous, rejoignant leurs confrères détenus de longue date. Avant le scrutin présidentiel, l'Iran avait déjà la triste réputation de plus grande prison du Moyen-Orient pour les journalistes. Aujourd’hui, avec trente emprisonnés, le pays est devenu la deuxième prison du monde, devant Cuba, et juste derrière la Chine. Selon nos informations, les journalistes et activistes emprisonnés à la prison d’Evin font l’objet de pressions importantes de la part des autorités pour faire des “aveux“ filmés, reconnaissant leur “participation à une révolution de velours“. Nombreuses sont les allégations de tortures recueillies par Reporters sans frontières. Une semaine après les résultats de l’élection présidentielle, dix-huit journalistes ont été arrêtés: Le 14 juin 2009 : - la cyberdissidente Somaieh Tohidlou (http://smto.ir) - Ahmad Zeydabadi, - Kivan Samimi Behbani, - Abdolreza Tajik, - Mahssa Amrabadi, - Behzad Basho, le caricaturiste - Khalil Mir Asharafi, réalisateur à la télévision iranienne - Karim Arghandeh, journaliste pour les journaux réformateurs Salam, Vaghieh etafaghieh, et blogueur (http://www.futurama.ir/) a été arrêté à son domicile de Téhéran. Le 15 juin 2009 : - Mohamad Atryanfar, directeur de plusieurs publications comme Hamshary, Shargh, Shahrvand Emrouz, aurait été transféré à la section de sécurité de la prison d’Evin. - Saïd Hajarian, ancien directeur du journal Sobh-e-Emrouz, a été arrêté par les forces de l’ordre dans la nuit du 15 au 16 juin à son domicile de Téhéran, alors même qu’il est handicapé. - Mojtaba Pormohssen, journaliste pour plusieurs journaux réformateurs, collaborateur à la radio Zamaneh et rédacteur en chef du journal Gylan Emroz, a été arrêté à Rashat (nord du pays). Le 16 juin : - Mohammad Ali Abtahi, surnommé “Mollah blogueur“, a été arrêté à son domicile de Téhéran. Son blog : http://www.webneveshteha.com/. - Mme Hamideh Mahhozi, arrêtée à Bushehr (sud de l’Iran) - Amanolah Shojai, journaliste et blogueur, arrêté à Bushehr - Hossin Shkohi, journaliste à l’hebdomadaire Paygam Jonob, arrêté à Bushehr - Mashalah Hidarzadeh, arrêté à Bushehr Le 17 juin : - Saide Lylaz, journaliste au journal Sarmayeh, a été arrêté à son domicile de la capitale. Ce spécialiste des questions économiques s’est montré très critique envers la politique d’Ahmadinejad. - Rohollah Shassavar, journaliste de la ville de Mashad, est détenu depuis la même date. Voir les images des manifestations de Téhéran envoyées par des journalistes iraniens à Reporters sans frontières: http://www.lemonde.fr/proche-orient/portfolio/2009/06/19/iran-l-opposition-defile-la-mobilisation-de-faiblit-pas_1208738_3218.html#ens_id=1190750
Publié le
Updated on 20.01.2016