Reporters sans frontières demande que la presse internationale soit autorisée à se rendre à Ryongchon

Depuis l'annonce par les médias sud-coréens de l'explosion de deux trains dans la gare de Ryongchon (nord de la Corée du Nord), les autorités de Pyongyang n'ont autorisé aucun journaliste à se rendre sur place. Ellles refusent même de donner des informations précises aux organisations humanitaires. Reporters sans frontières est choquée par l'attitude des dirigeants nord-coréens qui interdisent à la presse étrangère de se rendre sur les lieux de la catastrophe et qui distillent au compte-gouttes des informations sur l'étendue de l'accident, au mépris des victimes. L'organisation a adressé une lettre au chef de la mission permanente de la République démocratique populaire de Corée en Suisse pour lui demander de permettre à la presse internationale de se rendre sur les lieux de l'accident. La Corée du Nord a mis deux jours avant de reconnaître officiellement qu'une explosion avait ravagé, le 22 avril, le quartier de la gare de Ryongchon. La nouvelle était pourtant connue dès le jour de l'accident grâce à la presse sud-coréenne. Les autorités de Pyongyang ont décrété l'état d'urgence dans la ville, mais elles ont tout d'abord divulgué des informations minimisant l'ampleur de la catastrophe. Alors que des centaines, voire des milliers de personnes avaient été tuées et qu'au moins trente mille habitants de Ryongchon seraient "affectés" par l'accident, les organisations humanitaires ont dû attendre plusieurs jours pour avoir accès à la zone. Un responsable de la Croix-Rouge internationale a déclaré que les informations étaient "insuffisantes". Les dizaines de journalistes étrangers qui se sont rendus dans la ville chinoise de Dandong (frontalière avec la Corée du Nord) n'ont pas été autorisés à se rendre à Ryongchon. Certains correspondants ont témoigné de la peur des habitants de cette zone frontalière à apporter leur témoignage. Dans la presse locale de Dandong, on ne trouvait aucun article sur l'explosion. Le site en anglais de l'agence de presse officielle KCNA diffuse de rares articles sur les victimes de cette catastrophe. En revanche, les nombreux messages de solidarité adressés par des gouvernements étrangers à Kim Jong-il figurent en bonne place sur le site. La Corée du Nord a été classée à deux reprises comme le pire pays au monde en terme de liberté de la presse par Reporters sans frontières. Dans son rapport 2003, l'organisation écrivait : " En Corée du Nord, tous les médias sont les porte-voix du régime et encensent à longueur de pages et d'émissions le leader Kim Jong-il. Ainsi, les journaux télévisés sont une suite d'images du dictateur visitant de nouvelles entreprises ou inaugurant des cérémonies, le tout accompagné par des commentaires lyriques sur la grandeur du fils de Kim Il-sung. Seuls trois grands thèmes occupent la presse, la radio et la télévision : la personnalité de Kim Jong-il, l'éloge de l'armée et la critique des ennemis du pays tels que la Corée du Sud, les Etats-Unis et le Japon. Les directeurs des médias, notamment le rédacteur en chef du Rodong Shinmun (Le Journal des travailleurs), le président de l'agence de presse Korean Central News Agency et les directeurs de la télévision d'Etat, sont tous des hauts dignitaires appartenant au Comité central du parti, personnellement supervisés par Kim Jong-il."
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Updated on 20.01.2016