Reporters sans frontières dénonce le harcèlement judiciaire qui se met en place à l'encontre des journalistes de l'hebdomadaire arabophone Al Watan Al An. “La justice marocaine s'est de nouveau mise en branle contre des professionnels des médias dans ce qui s'apparente de plus en plus à une véritable mascarade”, a déclaré l'organisation.
Reporters sans frontières dénonce le harcèlement judiciaire qui se met en place à l'encontre des journalistes de l'hebdomadaire arabophone Al Watan Al An. Le parquet de Casablanca a décidé, le 24 juillet 2007, d'écrouer Mostapha Hurmatallah et d'accorder la liberté provisoire à Abderrahim Ariri. Les deux hommes ont été mis en examen pour “recel de documents obtenus à l'aide d'un crime”.
“La justice marocaine s'est de nouveau mise en branle contre des professionnels des médias dans ce qui s'apparente de plus en plus à une véritable mascarade. Les deux journalistes ont été enfermés pendant huit jours dans un poste de police et ont été continuellement interrogés sans l'assistance d'un avocat. Si Abderrahim Ariri a aujourd'hui recouvré sa liberté, Mostapha Hurmatallah a été transféré dans une prison. C'est assez. Nous demandons sa libération immédiate et l'abandon des charges retenues contre les deux hommes”, a déclaré l'organisation.
“Ce n'est pas la première fois que des journalistes sont poursuivis en vertu du code pénal. Nous prenons très au sérieux la procédure engagée contre Abderrahim Ariri et Mostapha Hurmatallah qui risquent la prison ferme. Nous nous mobiliserons pour que la justice marocaine ne serve pas, une fois de plus, d'instrument de censure contre la presse indépendante“, a ajouté Reporters sans frontières
Suite à une garde à vue de 96 heures, renouvelée une fois, au siège de la brigade nationale de la police judiciaire de Casablanca, le directeur de publication d'Al Watan Al An, Abderrahim Ariri, a été placé, le 24 juillet 2007, en liberté provisoire. Mostapha Hurmatallah a été, lui, écroué à la prison de Okacha dans l'attente de leur procès, dont la première audience aura lieu le 26 juillet 2007.
Les deux hommes sont poursuivis pour “recel de documents obtenus à l'aide d'un crime”, en vertu de l'article 571 du code pénal qui prévoit de un à cinq ans de prison. Me Abderrahim Jamaï, l'un de leurs avocats, a affirmé que de nombreux aspects de cette affaire restaient “troubles” et a dénoncé “un jeu politicien”.
Joint par Reporters sans frontières, Abderrahim Ariri a réaffirmé son attachement à la liberté d'expression. “La bataille continue. Ma voix ne se taira pas. Nous devons nous mobiliser pour faire libérer notre confrère”, a-t-il déclaré. Le journaliste a, par ailleurs, affirmé avoir été interrogé par des membres de différents services sécuritaires marocains et des militaires.
Abderrahim Ariri et Mostapha Hurmatallah ont été interpellés par des policiers en civil le 17 juillet 2007, à Casablanca. Dans sa dernière édition (numéro 253), parue le 14 juillet, Al Watan Al An a publié un dossier intitulé “Les rapports secrets derrière l'état d'alerte au Maroc”, corédigé par Abderrahim Ariri et Mostapha Hurmatallah. L'un des articles s'appuyait sur une note, émanant de la DGST, publiée dans le journal, qui avisait tous les services de sécurité de faire preuve de vigilance après la diffusion sur Internet d'un enregistrement vidéo d'un groupe terroriste lançant “un appel solennel au djihad contre les régimes maghrébins, en désignant particulièrement le Maroc”.