Reporters sans frontières demande la libération d'un journaliste arrêté sans raison valable

Volodymyr Lutiev, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Yevpatoriskaya Nedelia, a été arrêté à Sévastopol, le 30 juin 2005, sans qu'aucun motif d'accusation ne lui ait été notifié par la cour d'appel de la ville. Le journaliste, en détention préventive à la prison de Sévastopol, a entamé une grève de la faim en signe de protestation. « Nous demandons au ministre de l'Intérieur, Yuri Lutsenko, la remise en liberté immédiate de Volodymyr Lutiev. Nous nous interrogeons sur le zèle avec lequel ce journaliste a été jeté en prison, alors que son seul tort est d'avoir déplu à un dignitaire local en raison du caractère critique de ses articles », a déclaré Reporters sans frontières. En octobre 2002, un parlementaire de la République autonome de Crimée, Mykola Kotliarevsky, avait déposé plainte contre le journaliste pour tentative d'assassinat. Volodymyr Lutiev, auteur de plusieurs articles critiques sur son élection controversée, avait été arrêté un mois plus tard. Il avait été rapidement libéré, mais était depuis soumis à une autorisation de sortie de la ville. Quelques jours avant son arrestation, le journaliste avait informé par écrit la cour d'appel de Sévastopol de son intention de se rendre à Kiev pour rencontrer Nina Karpachova, haut commissaire aux droits de l'homme. C'est pourtant cette même cour qui a ordonné le 30 juin 2005 l'arrestation du journaliste, l'accusant d'avoir quitté la ville. « Je n'exclus pas que les juges de la cour d'appel de Stavropol aient reçu des pots-de-vin de la part de Mykola Kotliarevsky car cette arrestation ne tient pas sur le plan légal. Je m'interroge fortement sur le fait que les juges aient changé d'avis, alors qu'ils avaient rejeté la demande d'arrestation formulée par Mykola Kotliarevsky à huit reprises auparavant », a déclaré Viktor Ovechkine, l'avocat du journaliste, à Reporters sans frontières. « Volodymyr Lutiev est considéré comme le Don Quichotte local qui lutte en permanence contre les injustices. Je suis outrée par cette brutale arrestation dépourvue de raison valable », a déclaré à l'organisation Lilia Budjurova, journaliste et responsable de l'Association des journalistes indépendants de Crimée.