Reporters sans frontières demande la libération de trois journalistes en détention administrative

Yousri El Jamal, 23 ans, preneur de son de l'agence Reuters, a été relâché du camp militaire d'Ofer, près de Ramallah, au terme de sa deuxième détention administrative le 9 octobre 2002. "Nous ne pouvons que nous réjouir de la libération d'un journaliste injustement emprisonné. Mais trois journalistes palestiniens demeurent détenus par l'armée israélienne dans des conditions déplorables qui mettent leur santé en péril, sans inculpation ni jugement", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans une lettre demandant au Premier ministre israélien, Ariel Sharon, la libération immédiate de Hussam Abu Alan, Khalid Ali Mohammed Zwawi et Nizar Ramadan. " Ces détentions de journalistes sont totalement arbitraires puisque, depuis des mois, les autorités israéliennes n' ont fourni aucun début de preuve ni d'inculpation contre ces personnes. En aucun cas la détention administrative ne saurait être utilisée pour faire taire les journalistes et leur infliger de mauvais traitements", a-t-il ajouté. Yousri El Jamal avait été arrêté le 30 avril à Hébron (Cisjordanie) en compagnie d' un cameraman de Reuters, Mazen Dana, alors qu'ils filmaient des images de blessés devant l'hôpital d'Hébron. Interrogés le lendemain matin, Mazen Dana avait reçu des excuses avant d'être relâché tandis que Yousri El Jamal était maintenu en détention. Dans une lettre adressée en mai à l'agence Reuters, les autorités israéliennes avaient affirmé que Yousri El Jamal était "directement lié à des activités terroristes qui n'ont rien à voir avec sa position de journaliste". Sans pour autant apporter le moindre détail ni la moindre preuve sur ce qui lui était reproché. Le 22 mai, Yousri El Jamal était mis en détention administrative pour trois mois. Le 18 juin, la cour militaire avait rejeté les demandes de libération immédiate du journaliste. Le 11 juillet, sa détention administrative était prolongée pour trois mois. La détention administrative est une procédure exceptionnelle qui permet de détenir une personne pendant six mois, reconductibles, sans avoir à l'inculper et par conséquent à la juger. Ni les détenus ni les avocats n'ont accès au dossier bien qu'ils puissent faire appel de cette décision. Selon diverses estimations, le nombre de Palestiniens en détention administrative était compris en septembre 2002 entre 800 et 900 personnes, parmi lesquelles figurent encore trois journalistes. Le 24 avril 2002, Hussam Abu Alan, photographe de l'Agence France-Presse, a été arrêté au barrage de Beit Anoun près de la ville d'Hébron. Il se rendait dans la localité de Bani Naim pour y couvrir les funérailles de deux Palestiniens. Des soldats lui ont bandé les yeux et attachés les mains. Dans une lettre du 3 mai, après des demandes répétées, l'armée israélienne informe officiellement l'AFP que Hussam Abou Alan était soupçonné "d'assister l'organisation terroriste des Tanzim", considérée comme la branche armée du Fatah. Mais les autorités israéliennes ne fournissent pas les preuves soutenant leurs accusations. Selon son avocat, Hussam Abu Alan n'a jamais été interrogé depuis le début de sa détention. Le 22 mai, le journaliste a été mis en détention administrative pour trois mois. Le 22 juillet, sa détention administrative a été prolongée par un tribunal militaire jusqu'au 22 octobre 2002. L'avocat Mohammed Burghal a fait appel de cette décision auprès de la Cour suprême israélienne. Le journaliste, qui était détenu au centre d'Ofer dans des conditions très difficiles, a été transféré à la prison de Ketzion (désert du Néguev). Un de ses avocats a pu lui rendre visite brièvement le 8 octobre. Le 15 avril, Khalid Ali Mohammed Zwawi, journaliste de l'hebdomadaire El Istiqlal, a été arrêté, en pleine nuit, à son domicile de Naplouse par des soldats israéliens. Ces derniers ont fouillé la maison et confisquent du matériel. Le journaliste a été ensuite conduit au centre de détention d'Askalan. Le 28 juin 2002, Nizar Ramadan, correspondant du journal Al-Quds à Hébron, a été arrêté alors qu'il se trouvait avec sa famille chez ses voisins. Il a été conduit au centre d'Ofer, près de Ramallah. Le même jour, des soldats ont pénétré dans son bureau, confisqué et détruit du matériel. Le 6 juillet, les autorités israéliennes ont prolongé de 18 jours sa détention sans qu'aucune explication soit fournie. Depuis le 29 mars, date du début de l'occupation israélienne des villes palestiniennes, plus d'une vingtaine de journalistes palestiniens ont été arrêtés. Certains d'entre eux ont été soumis à de mauvais traitements.
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Updated on 20.01.2016