Reporters sans frontières demande la levée de l'état de siège après une semaine de black-out total sur l'information
Organisation :
Reporters sans frontières demande aux autorités guinéennes de lever l'état de siège instauré le 12 février 2007, imposant à la population un black-out total sur l'information en empêchant de fait la parution des journaux, la diffusion des radios d'information et l'accès à Internet.
"Maintenir l'ordre public en muselant de force les médias est une mesure dangereuse. Elle favorise la propagation de rumeurs et stimule les partisans d'un affrontement violent avec les autorités. Après avoir puni illégalement les journalistes de Conakry, l'armée guinéenne doit maintenant lever la censure de fait qui les empêche de faire leur travail librement et met en péril la survie de leurs médias", a déclaré l'organisation.
Seule une radio musicale, Nostalgie FM, continue de diffuser des programmes depuis Conakry. Liberté FM a quant à elle été fermée brutalement, le 12 février dans la matinée, par une unité de la garde présidentielle qui a saccagé ses locaux et confisqué du matériel. Au cours de cette opération, Mohammed Tondon Camara et David Camara, respectivement journaliste et technicien de la station, ont été arrêtés et détenus 24 heures. Ils auraient subi des sévices physiques, selon le témoignage de l'un d'eux, recueilli après sa libération. Dans la même journée, Familia FM et Radio Soleil FM ont cessé de diffuser leurs programmes, après avoir reçu des menaces. La Radiodiffusion télévision guinéenne (RTG, chaîne publique) diffuse pour sa part les communiqués du chef d'état-major de l'armée, le général Kerfala Camara, et des informations toujours favorables aux militaires.
Aucun journal ne paraît à Conakry depuis l'instauration de l'état de siège, le 12 février. Même si aucun texte officiel n'instaure des mécanismes de censure, les directeurs de journaux ont été informés que le contenu de leurs publications devait être soumis à l'approbation des militaires. Quoi qu'il en soit, les vendeurs de rue refusent de distribuer les journaux qui contreviendraient aux ordres de l'armée par crainte de représailles, et l'unique point de vente de Conakry est fermé depuis l'instauration de l'état de siège.
Depuis le 13 février, Internet est inaccessible sur les réseaux des quatre fournisseurs d'accès guinéens. Les cybercafés de la capitale sont fermés et leurs responsables craignent d'être investis et saccagés par l'armée s'ils rouvraient leurs portes.
Publié le
Updated on
20.01.2016