Reporters sans frontières demande aux magistrats algériens de mettre un terme au cauchemar judiciaire de Mohammed Benchicou
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« Un nombre incalculable d'affaires - sans doute près d'une cinquantaine -, des procès à répétition, des plaintes à tiroirs, des audiences ajournées par les magistrats et des procédures incompréhensibles : l'ancien directeur du quotidien Le Matin, Mohammed Benchicou, est au cœur d'une saga judiciaire qui n'est pas sans rappeler « Le procès », le célèbre roman de Franz Kafka. L'auteur pragois y décrit de manière angoissante les absurdités d'une justice bureaucratique et partisane aux procédures cauchemardesques », a déclaré Reporters sans frontières.
« Nous demandons à la justice algérienne de mettre un terme au harcèlement judiciaire contre Mohammed Benchicou. Les autorités ont déjà obtenu la fermeture du journal Le Matin et l'emprisonnement de son directeur depuis bientôt six mois. L'heure est maintenant venue de songer à faire preuve de modération et de clémence.»
Le 7 décembre, la justice algérienne devrait rendre au moins deux verdicts - peut-être trois - dans des affaires de diffamation distinctes contre le journaliste et directeur de publication Mohammed Benchicou.
D'après l'un de ses avocats, Maître Bourayou, Mohammed Benchicou est poursuivi pour « offense au chef de l'Etat » suite à un article paru dans Le Matin, le 31 décembre 2003, et intitulé « L'heure d'un front anti-Bouteflika ». L'article 141 bis du code pénal prévoit une peine pouvant aller jusqu'à un an de prison. Le procureur a requis dans cette affaire six mois de prison ferme. Les avocats de M. Benchicou ont plaidé à l'audience qui s'est tenue le 30 novembre dernier.
Dans une seconde affaire, Mohammed Benchicou est poursuivi pour « outrage au président de la République », cette fois suite à une chronique intitulée « La République de Fatiha Bouagla » et signée de son nom.
Enfin, le tribunal de Sidi Mohammed doit rendre son verdict dans l'affaire qui oppose le directeur du journal Le Matin et l'une de ses journalistes, Abla Chérif, au ministère de la Défense. L'affaire concerne la publication, après les événements de Tkout (à 90 km au sud de Batna, dans les Aurès) en mai 2004, d'un article titré « Comment j'ai été torturé ». La journaliste Abla Chérif y avait retranscrit des témoignages de personnes ayant été victimes d'exactions commises par des gendarmes de la brigade de Tkout. D'après le journal Le Soir d'Algérie, plusieurs victimes se sont déplacées, le 24 novembre 2004, de Tkout à Alger pour venir témoigner au procès et ont confirmé les mauvais traitements et les tortures rapportés par la journaliste.
Mohammed Benchicou purge depuis le 14 juin 2004 une peine de deux ans de prison ferme pour « infraction à la loi régissant le contrôle des changes et les mouvements de capitaux » à la suite de la découverte de bons de caisse dans ses bagages à l'aéroport d'Alger, en août 2003. Cette peine avait été confirmée en août.
Lors de l'élection présidentielle d'avril 2004, le quotidien Le Matin avait fait campagne contre le président-candidat Bouteflika. En février 2004, Mohammed Benchicou avait publié un pamphlet à l'encontre du président algérien intitulé « Bouteflika, une imposture algérienne ».
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Updated on
20.01.2016