Reporters sans frontières demande aux Etats de l'Union européenne de se mobiliser pour protéger les journalistes réfugiés
A la veille de la Journée mondiale du réfugié, le 20 juin 2008, Reporters sans frontières demande à la communauté internationale d'adopter des dispositions spécifiques pour protéger les journalistes contraints de fuir leur pays après avoir été attaqués ou menacés dans l'exercice de leur travail. Pour cette journée, l'organisation propose une rencontre dans ses locaux, avec des journalistes réfugiés.
« La longue attente dans les bureaux du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) et le refus quasi systématique des ambassades occidentales de leur délivrer des visas obligent une grande majorité de ces journalistes à emprunter, au péril de leur vie, des filières d'immigration illégales. Il est impératif que les gouvernements occidentaux et le UNHCR mettent en œuvre des procédures d'entrée protégée et des programmes de réinstallation d'urgence. Ceux qui arrivent en Europe sont très inégalement accueillis. Des destinations comme la Suède ou la France sont plus favorables aux journalistes, notamment grâce à la Maison des journalistes à Paris ou à des dispositifs d'accueil satisfaisants. Mais d'autres pays n'offrent pas de telles conditions d'hébergement et de soutien juridique », a ajouté l'organisation qui a demandé au gouvernement français d'encourager, lors de sa présidence de l'Union européenne, l'adoption d'une politique d'asile communautaire prévoyant des dispositions spécifiques pour les défenseurs de la liberté d'expression. Un journaliste érythréen refugié dans la capitale soudanaise témoigne de son désespoir : « Depuis plusieurs mois, je me cache à Khartoum où j'ai loué une chambre car il y avait moins de risque d'être kidnappé par les forces de sécurité érythréennes présentes ici. Mais je n'ai plus aucune ressource et manger trois repas par jour est devenu un luxe. Je me suis échappé de prison, des foudres du pouvoir, mais je n'avais jamais eu de difficultés financières. Maintenant, je me sens piégé, loin de chez moi, face à des problèmes sans précédent. » Sa souffrance fait écho à celle d'un confrère iranien isolé en Turquie : « Avec deux enfants, j'ai attendu, pendant plus de 23 mois, une décision me permettant de sortir de Turquie. Pendant ce temps, je ne pouvais rien faire, ni mon travail, ni mes devoirs vis-à-vis de ma famille. Il y avait des moments où je souhaitais me rendre à mes tortionnaires. En prison au moins, je n'avais pas autant mauvaise conscience. »