Reporters sans frontières demande aux autorités le rétablissement de la BBC

Le 28 avril 2009, Reporters sans frontières a adressé une lettre à la ministre de l'Information, Louise Mushikiwabo, pour lui faire part de sa vive préoccupation après la "suspension temporaire" des émissions en kinyarwanda de la British Broadcasting Corporation (BBC), faisant suite à la diffusion de déclarations de citoyens rwandais sur le génocide de 1994. "Conscients du fait que le génocide reste un sujet hautement sensible dans votre pays, et que le Rwanda est engagé dans un processus délicat de réconciliation nationale, nous estimons cependant que cette suspension est abusive et constitue une violation grave de la liberté de la presse. Aussi nous vous demandons de rétablir, dans les meilleurs délais, la diffusion des émissions de la BBC et de garantir le respect de la pluralité des opinions", a écrit l'organisation. "Dans un pays où il n'existe pas de liberté de la presse, cet incident apparaît comme un moyen supplémentaire de réduire l'accès des Rwandais à l'information", ajoute Reporters sans frontières. Le 26 avril, le gouvernement de Kigali a décidé de "suspendre temporairement" les émissions de la BBC en kinyarwanda. Cette mesure a été prise suite à la diffusion, la veille, de l'émission hebdomadaire "Imvo n'Imvano" (Le fond du problème), au cours de laquelle l'ancien Premier ministre Faustin Twagiramungu a déclaré que, en tant que Hutu, il ne pourrait "jamais s'incliner devant les Tutsis pour demander pardon". Dans la même émission, un autre intervenant affirmait que les corps de Rwandais échoués sur les rives du lac Victoria pendant le génocide de 1994 étaient ceux de Hutus tués par la rébellion du Front patriotique rwandais (FPR). Les autorités ont estimé que ces déclarations étaient susceptibles d'entraver les efforts d'unité et de réconciliation nationale et qu'elles n'avaient pas d'autre objectif que "l'incitation à la haine parmi les Rwandais". Les relations entre Kigali et les médias étrangers sont tendues. En 2006, après avoir expulsé sans explication la correspondante de la station publique française Radio France Internationale (RFI), Sonia Rolley, le gouvernement rwandais avait ordonné la fermeture de l’émetteur de la chaîne française, après avoir rompu ses relations diplomatiques avec Paris. Le Rwanda occupe la 145e place, sur 173 pays, dans le classement 2008 de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières. Quant au président Paul Kagame, il figure depuis plusieurs années dans la liste des prédateurs de la liberté de la presse que condamne l'organisation.
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Updated on 20.01.2016